Pourquoi l’Algérie rapatrie les réfugiés nigériens

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Saida Benhabyles, présidente du Croissant Rouge algérien, revient sur la situation des réfugiés en Algérie.

Une opération de rapatriement des migrants africains a été lancée en décembre dernier. Comment se déroule l’opération?

Hier lundi, 399 ressortissants nigériens ont démarré de Ouargla vers Tamanrasset alors que plus de 2200 sont déjà rentrés au Niger. L’opération se fait dans les meilleures conditions et selon les normes internationales : l’aide humanitaire, des visites médicales, denrées alimentaires… La majorité est constituée de femmes et d’enfants. Nous avons pris des mesures spéciales pour les femmes enceintes. Elles vont accoucher dans des milieux médicalisés et elles seront totalement prises en charge, puis elles seront rapatrier avec leurs bébés par voie aérienne.

A Tamanrasset, les centres d’accueil ne sont pas des camps de tentes mais des chalets. Ces derniers sont neufs, équipés de toutes les nécessités (lits, matelas, douches et climatisation). Les soins médicaux sont assurés. Tous les enfants ont été vaccinés et ils sont repartis avec leurs livrets de santé.

Pourquoi rapatrier ces personnes dans leur pays d’origine alors qu’elles s’exposent à des risques importants?

L’opération de rapatriement que nous avons menée a touché uniquement les ressortissants de nationalité nigérienne. L’Algérie répond à une demande du gouvernement du Niger. Ce dernier a demandé de rapatrier ses ressortissants pour différentes raisons, par exemple l’existence de réseaux criminels nigériens qui exploitaient ces personnes. Sinon, il n’est nullement question d’une opération d’expulsion.

Comme vous le savez la majorité des ressortissants sub-sahariens sont en situation irrégulière. Auparavant, on expulsait parfois les Maliens. Mais depuis la détérioration de la situation sécuritaire dans leur pays, le Président de la République a ordonné l’arrêt de l’expulsion pour les Maliens. Tant que la situation ne s’est pas améliorée, il n’est pas question de renvoyer les Maliens chez eux. La preuve ; la mendicité est interdite mais les autorités algériennes ferment les yeux pour les sub-sahariens et pour les Maliens surtout.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, dans son dernier rapport paru en décembre 2014, a pointé du doigt l’absence d’une loi sur l’asile en Algérie…

L’Algérie était une terre d’asile à travers l’histoire. Ce n’est pas le HCR qui nous a appris ça, ni les Nations Unies, ni les Droits de l’Homme. C’est une culture enracinée chez nous. La politique algérienne dans ce domaine est née de notre culture. Pour preuve, dans le monde entier les personnes sont mises d’une manière irrégulière dans des centres fermés, mais chez nous ils sont dans des centres ouverts car on respecte la dignité humaine. Nous même on a été refugié pendant notre révolution, et aussi pendant la décennie noire. Les Algériens sont généreux.

Pour la scolarisation des Sahraouis, des Palestiniens et des Syriens, on exige uniquement une déclaration sur l’honneur du tuteur, qui justifie le niveau de scolarité de l’enfant. Toutes ces procédures rentrent dans le cadre de la protection des réfugiés et le respect de leur dignité.


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