Comment réduire les importations algériennes de céréales ?

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Alors que les importations de céréales terminaient l’année 2014 en hausse, Mohamed Laid Benamor, PDG du groupe Benamor, explique les facteurs nécessaires pour inverser cette tendance.

Les importations de céréales ont augmenté en 2014. Comment l’expliquez-vous ?

D’une manière générale, c’est essentiellement le résultat de l’adéquation des ressources aux besoins qui a engendré le recours à ces importations et ce, compte tenu des insuffisances de production de la campagne précédente dont les quantités, notamment en blé tendre et en orge, ont été assez faibles. Car nous n’avons pas observé un regain ou une hausse significative de la demande intérieure par rapport aux dernières années.

Cet ajustement des disponibilités aux besoins n’a rien d’extraordinaire, il s’inscrit dans des proportions déjà connues par le passé. D’autre part, le système de régulation élaboré et réalisé par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) ne s’inscrit pas forcément dans une optique d’équilibre à très court terme, limité à la couverture des seuls besoins immédiats de la consommation, mais s’étend sur la durée et dans ce cas, la reconstitution des stocks représente une variable importante. Et donc, les importations engagées durant l’année 2014 sont à considérer en tant que flux dynamiques de régulation.

L’hiver de cette année n’est pas pluvieux. Est-ce que cela va impacter la récolte nationale de céréales ?

Le bilan pluviométrique ne peut pas encore être dressé et surtout son impact sur le déroulement et les résultats de la campagne 2014/2015 ne peut d’ores et déjà être établi.

Il faut ensuite noter que si le début de la campagne 2014/2015 a été quelque peu inquiétant, la fin du mois de décembre et le début du mois de janvier, ont connu des précipitations qui ont rattrapé ce déficit, notamment à travers des zones importantes des régions Est et Centre du pays, et qui ont même enregistré un épisode neigeux. Ce qui est un bon signe.

Donc l’évaluation de la pluviométrie doit être progressive et surtout réellement observée durant les mois à venir, mars et avril notamment, qui constituent la période cruciale et déterminante en matière de céréales.

Pour le moment nous restons dans l’expectative, tout en rassurant nos agriculteurs qui doivent continuer l’application normative des étapes du cycle de production.

Comment réduire les importations ? Que faut-t-il faire pour augmenter la production nationale ?

Au risque de nous répéter nous indiquons que plusieurs facteurs doivent être combinés et mis en œuvre afin d’asseoir les conditions nécessaires à l’augmentation de la production nationale et surtout pour favoriser son accroissement durable.

Il y a en premier lieu l’organisation et l’implication des intervenants et des acteurs concernés, en renforçant la concertation et la participation entre les opérateurs, comme le prévoit le dispositif de la loi d’orientation agricole de 2008 dont les termes ont été confirmés, affirmés et renforcés dans le cadre du plan quinquennal 2015/2019 qui consacre, rappelons-le, une place de choix à l’augmentation des productions et des rendements.

Des outils modernes de développement et d’amélioration des modèles de production, sont à instaurer, à travers en particulier l’utilisation ciblée des semences à haut rendement, avec un renforcement de la recherche participative qui requiert l’expérimentation par les agriculteurs, avant l’adoption par les instituts de recherche habilités, des variétés obtenues à encourager.

La mécanisation des matériels et outils d’intervention agricoles tant au niveau du suivi des cultures que lors des travaux de récolte, est également préconisée, afin d’assurer la conduite d’itinéraires techniques adéquats et de minimiser les pertes de production en céréales souvent constatées en quantités importantes.

Il y a également la formation d’une main d’œuvre qualifiée et diversifiée, à valoriser et à intéresser pour une intégration efficiente dans les phases et travaux de production.

Le volet stockage des produits récoltés, par une amélioration soutenue et adaptée des capacités, permet aussi, par le biais de la prévention sanitaire et phytosanitaire, de préserver quantitativement et qualitativement les productions.


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