La Coupe d’Afrique des Nations débute aujourd’hui. Avec le début de cette compétition, les vœux et les espoirs des dirigeants souhaitant voir l’équipe remporter le titre, afin de gratter quelques mois de paix sociale, sont de plus en plus visibles. Un titre qui nous ferait oublier l’absence du Président, le vide institutionnel, le huit clos politique, la supercherie perpétuelle subie par le peuple, la chute des prix du pétrole, le mouvement de protestation au sud du pays contre le gaz de schiste et le rejet de la politique de marginalisation et de bricolage dans la gestion des affaires de l’Etat.
Les foules en Algérie, qui vouent un amour inconditionnel au pays, rêvent d’une coupe d’Afrique par attachement à leur Equipe Nationale. Elles sont aussi à la recherche d’une liesse populaire qui leur ferait oublier leurs problèmes quotidiens ainsi que les échecs répétés dans les autres disciplines sportives et par extension dans plusieurs domaines de la société. Le Gouvernement espère également un sacre de l’EN pour occuper le peuple et continuer ses projets ratés, s’accaparer l’Etat, le Front de Libération Nationale et l’UGTA ainsi que d’autres institutions constitutionnelles qui sont devenues des entités sans âme à l’ère de Bouteflika et de son clan.
Bien que les Algériens adorent leur équipe de football et leur pays, ils ne désirent nullement la perte de leur nation, de leur souveraineté ou de leur avenir. Bien au contraire, ils veulent entendre leur Président les rassurer, voir un pays qui intègre l’ensemble de la société avec toute ses différences et ses franges, un pays construit par ses enfants sans marginalisation ni haine, sans vol ni pillage de ses ressources. Un pays sans corruption, sans Hogra ni régionalisme qui gangrène l’Etat depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir…des mandats qui ont vu le désordre progresser et un recul des valeurs et des principes.
Les Algériens ne recherchent pas la Coupe d’Afrique, ni une équipe forte mais plutôt des équipes solides dans toutes les autres disciplines, un sport hissé à la hauteur des jeunes talents dont recèlent le pays. Les Algériens veulent un pays fort, des institutions respectables et respectueuses de la Constitution et des lois de la République… des lois qui s’appliquent à tous. Les Algériens rejettent l’idée d’un pays qui humilie ses entreprises et ses hommes, gouverné par un seul être et par délégation et qui tire sa force de notre faiblesse, de notre peur et de notre respect du peuple et de la patrie.
Les Algériens ne désirent pas un sacre continental pour que l’exploitation perdure. Le peuple réfute une coupe qu’on attribuera à son Excellence, à ses politiques et à ses attentions particulières. Un scénario qui se répète à chaque fois et qui limite le pays à un personnage qui a vidé les institutions de leur contenu et a fait le vide autour de lui pour que l’on continue à croire qu’il est seul maître de la situation et seul apte à gérer la nation, même sur une chaise roulante.
Cette CAN, les gens du Sud n’en ont cure. Elle les éloignerait de leurs principales préoccupations et de leurs souffrances quotidiennes. Les gens du Sud veulent une justice sociale et un respect humain. Ils veulent des autorités qui les respectent, dialoguent avec eux, résolvent les problèmes qui s’accumulent à Ghardaïa, In Salah, Ouargla, Tamanrasset et autres villes du Sud qui vivent dans un désarroi jamais connu dans l’histoire de l’Algérie.
Nous récusons une Coupe d’Afrique, nous tenons plutôt à avoir une Mascara transformée en Californie algérienne comme promis par Bouteflika au cours de sa campagne électorale. Nous voulons une Constitution sérieuse à la hauteur de l’Algérie et non pas à la hauteur de son Président actuel. Nous appelons à des élections présidentielles anticipées à cause de l’inaptitude du Président. Ensuite, on pourra alors construire une nouvelle république ayant des assemblées populaires légitimes, fruits de la volonté du peuple et non celle d’un individu quel qu’il soit.
Bien que les Algériens tiennent à leur Equipe Nationale et recherchent la joie de la victoire…ils rejettent une CAN qui ne ferait que perpétuer le système actuel, le désordre politique, économique et social dans lequel se débat sans cesse le pays. Le peuple réfute la main mise d’hommes d’affaires corrompus qui manigancent avec le système en place pour que tout ce beau monde puisse continuer à puiser jusqu’à l’infini dans les richesses du pays et le laisser tel un otage inerte dans les mains d’abuseurs dont on doute parfois de leur appartenance à la nation, en voyant leurs méfaits contre l’Algérie et les Algériens.
