Boycotter l’Algérie, une spécialité bien française

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La fédération française d’escrime a annoncé ce samedi le retrait de son équipe féminine de la Coupe du monde d’escrime, prévue du 6 au 8 février 2015 à Alger. La raison avancée par la présidente de la Fédération pour justifier ce boycott sportif : « La situation politique actuelle et l’aggravation récente des événements en Algérie. »

En plus d’être totalement inattendue, la décision de la Fédération française d’escrime rappelle de vieux souvenirs. Il rappelle le boycott de l’Algérie par Air France en 1994, qui avait donné le signal d’une campagne de boycott sans précédent de l’Algérie par les entreprises internationales. Un boycott qui avait duré une dizaine d’années et qui n’a connu de fin que lorsque l’Algérie a retrouvé une aisance financière après la hausse des prix des hydrocarbures.

Cependant, les contextes entre les deux boycotts sont totalement différents. En 1994, Air France avait été la cible d’une prise d’otages d’un avion à l’aéroport d’Alger, trois passagers avaient perdu la vie dont un employé de l’ambassade de France. Il y avait là une base rationnelle pour justifier le boycott.

Il est en revanche incompréhensible qu’une simple manifestation mène à un boycott. La menace terroriste n’a rien à voir avec celle des années 1990. Aucun attentat n’a été enregistré depuis plusieurs années dans la capitale. Rien n’indique que les conditions de sécurité durant la Coupe du monde ne seront pas réunies. Au contraire, il y a fort à parier que les autorités algériennes feront un point d’honneur à garantir la sécurité des invités de l’Algérie durant un tel évènement en renforçant les dispositifs déjà en place.

De plus, si la situation sécuritaire en Algérie était vraiment remise en cause par « la situation politique actuelle et de l’aggravation récente des événements en Algérie » pourquoi la France ne rappellerait donc-t-elle pas ses ressortissants et ses entreprises ? La réponse est simple : les ressortissants français vivent en toute tranquillité et les entreprises françaises prospèrent et  s’enrichissent en Algérie.

Le boycott de la Coupe du monde d’escrime ne répond à aucun raisonnement logique, et semble donc purement politique. Le président François Hollande déclarait ce samedi que la France « a soutenu des pays [comme l’Algérie] dans la lutte contre le terrorisme. Et donc je veux leur exprimer toujours ma solidarité. » Une déclaration en contradiction avec la réalité des faits, où le boycott de l’Algérie en période difficile semble être devenu une spécialité française.


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