« Il faut envisager sérieusement des élections présidentielles anticipées »

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Abdelaziz Rahabi est ancien ministre de la Culture et de l’information et ancien diplomate. Dans cet entretien, il revient sur la situation politique et économique en Algérie dans le contexte de la baisse des prix du pétrole.

 Comment trouvez-vous la gestion par le gouvernement de la crise pétrolière?

Je pense que le gouvernement n’avait pas de plan préalable pour affronter une situation de cette gravité. Son discours n’est pas cohérent. Il y a beaucoup de contradictions dans les déclarations des uns et des autres. Et c’est un indice probant que le gouvernement n’a pas prévu de plan de sortie de la crise, parce qu’il a compté sur le fond de régulation des dépenses et les réserves de change.

L’état de santé du Président pèse-t-il sur l’inaction du gouvernement?

Il est incontestable, et même le gouvernement et les partis proches du Président le reconnaissent, que le Président n’exerce pas pleinement ses fonctions, qui sont exorbitantes dans la Constitution. En 2008, il avait amendé la Constitution pour s’attribuer des pouvoirs exorbitants. Quand il avait toutes ses forces il ne pouvait pas les exercer, alors là, imaginez maintenant. Et c’est ce qui donne du crédit à la démarche de l’opposition sur la crise qui touche l’institution présidentielle. Il y a une vacance du pouvoir au niveau de la présidence. Il faut envisager sérieusement des élections présidentielles anticipées. 

La demande de l’opposition devient vraiment d’actualité. La crise qui touche l’institution présidentielle a eu comme conséquence une incohérence dans le discours politique, une paralysie de cette institution et une sous-représentation diplomatique de l’Algérie.

La crise économique demande des arbitrages économiques et politiques au niveau du chef de l’état qui ne sont pas faits. Le Président ne mène aucune concertation en relation avec la crise, qui est nationale et qui devrait avoir une réponse nationale.

L’Algérie n’est plus audible au sein de l’Opep. Pourquoi? 

L’Algérie ne peut pas être audible. C’est le gouvernement qui voulait faire croire que l’Algérie avait un poids dans l’Opep. C’est la production de pétrole qui conditionne le poids de chaque pays dans ce cartel. Or, nous avons une faible production par apport aux majors de l’Opep, et c’est à ce titre que nous n’avons aucun poids pour peser sur les mesures prises par cette organisation. Il ne sert à rien de chercher à exercer des pressions politiques sur une organisation dans laquelle nous n’avons aucune autorité. La solution à la crise est interne. Elle n’est pas internationale.

Et sur le plan international, pourquoi l’Algérie n’est pas audible ?

Sur le plan international, nous sommes dans une région qui objectivement aurait pu nous donner un poids. Malheureusement nous sommes confrontés aux stratégies des grandes puissances. En diplomatie, il y a deux choix à faire. Soit entrer et adhérer à la stratégie d’une grande puissance, ou développer sa propre stratégie et pour le faire, il faut avoir les moyens. L’Algérie ne pouvant faire ni l’un ni l’autre, est en train de suivre attentivement ce qui se passe autour d’elle. Ce n’est pas la superficie qui fait la force d’un pays mais c’est son économie et sa présence.


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