Sofiane Djilali est président du parti Jil Djadid. Il est, également, membre fondateur de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). Dans cet entretien accordé à TSA, il revient sur la situation dans le Sud du pays, suite aux manifestations anti- gaz de schiste.
Comment jugez-vous la gestion par le gouvernement de la contestation anti-gaz de schiste dans le Sud ?
C’est une attitude inexplicable. Le gouvernement décide en fonction de ses intérêts et nous on doit appliquer et on n’a pas le droit de parler. Face à la situation précaire dans notre Sud, le gouvernement aurait pu faire un moratoire. Il aurait pu suspendre cette exploration pour 6 mois. Il aurait pu réengager une communication beaucoup plus sérieuse et apporter des preuves de ce qu’il avance concernant le schiste. Mais on constate qu’il n’a rien fait. Selon lui le peuple n’a pas besoin de comprendre, on saccage tout et après on nous dira « Allah ghaleb », c’est comme ça que ça se passe dans tous les domaines. Il faut rendre hommage aux citoyens du Sud. Á ceux de In Saleh en particulier. Ils ne font pas que défendre leur région, mais toute l’Algérie, l’intérêt national et le droit des futures générations. Ce qui est inquiétant, également, c’est que le gouvernement a annoncé 70 milliards de dollars d’investissement avec un retour de 10 milliards de dollars ce qui est inimaginable et illogique. Par contre, en investissant 10 milliards de dollars dans l’agriculture au Sahara, on va s’affranchir définitivement de 10 milliards d’importation de produits alimentaires, par an.
La question qui se pose est pourquoi aller détruire le pays ? Personnellement, j’accuse le président Bouteflika, car il est en train d’aggraver la fracture régionale et c’est lui qui est en train de mettre en danger l’unité du pays. Les gens du Sud sont fatigués de voir leurs richesses exploitées par une minorité du Nord, alors que eux sont mis hors tout développement. Il y a un sentiment grave qui se développe dans notre Sud, et c’est le résultat de ce que fait Bouteflika.
Le gouvernement et Sonatrach affirment que le schiste n’est pas polluant…
Le gouvernement et Sonatrach l’affirment contre l’avis de tous les spécialistes du monde. Contre l’avis des pays qui ont interdit l’exploitation du gaz de schiste chez eux, et contre l’évidence même. Tout le monde sait que cette exploitation est très dangereuse. Injecter des masses d’eaux mélangées à des produits chimiques pour fracturer des roches à 2 000 mètres au sous-sol, c’est mettre en danger le pays. En outre, quand on ramène des multinationales pour exploiter ce type de richesses, elles prennent tous les profits et ne mettent aucun sou pour investir dans la qualité de l’environnement, vous n’avez qu’à voir l’exploitation du pétrole dans le Delta du Niger qui est transformé en un enfer à cause du pétrole déversé dans la nature. On a aucune garantie que cette exploitation puisse se faire sans risque.
Que va faire l’opposition pour soutenir les revendications des populations du Sud ?
Notre position est tranchée. Nous soutenons les populations du Sud autant sur la forme que sur le fond. Pour quelles raisons le gouvernement est-il si pressé pour imposer l’exploitation du gaz de schiste ? Au départ il avait affirmé qu’il ne s’agissait que des recherches et d’une évaluation des réserves, mais maintenant on constate qu’on passe directement à l’exploitation et on est plus dans l’exploration. Pourquoi ces mensonges ? En soutien aux citoyens à In Saleh et du Sud, je vais organiser une action dans les prochains jours. Je ne peux pas révéler maintenant le type d’action, mais vous le saurez d’ici la fin de la semaine.
