L’écrivain algérien Boualem Sansal réagit aujourd’hui sur les évènements qui ont eu lieu en France. Dans une interview accordée au journal français L’Express, l’auteur donne son avis sur plusieurs sujets, dont l’islamisme et le communautarisme, et fait un parallèle avec la situation en Algérie.
La responsabilité des musulmans
Les violences qui ont touché la France ont certainement un lien avec les troubles qui ont ensanglanté l’Algérie. Et ce lien réside principalement dans la « communauté maghrébine en France » soutient Boualem Sansal. Une frange de la population qui pâtit du manque d’intégration et représente donc un « terreau favorable » aux idées fondamentalistes, selon lui.
Il serait logique que les musulmans de France soient appelés à manifester même s’il relève que le combat pour « libérer » l’islam doit être quotidien et être mené « en tant que citoyens français ». Au mois de décembre, l’auteur évoquait déjà la responsabilité des musulmans dans le combat contre l’islamisme.
Lors d’un dîner organisé par le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) et auquel il était invité, Sansal déclarait croire « intimement que combattre l’islamisme comme le font les Occidentaux, c’est-à-dire à la place des musulmans, est une erreur grave ».
L’islam doit accepter les critiques
C’est en substance le message que souhaite faire passer l’écrivain en indiquant qu’en France, l’islam ne peut rester « hors du champ de la critique » et que le monde arabo-musulman doit entamer une « transition démocratique ».
En détaillant son point de vue, l’auteur se veut très alarmiste, en mettant en garde contre une nouvelle vague d’attentats et se dit « horrifié » par la réaction de « beaucoup » d’Algériens qui auraient, selon lui, « applaudi » les auteurs des faits. « Je suis horrifié, de voir que beaucoup d’Algériens, qui pourtant ont terriblement souffert du terrorisme, ont applaudi les « héros, les martyrs », les frères Kouachi et Coulibaly », a-t-il affirmé.
Un parallèle avec la Guerre d’Algérie
Selon lui, « la rivalité entre islamisme des pays musulmans et islamisme des pays occidentaux est une réalité (…) Demain cette rivalité pourrait occasionner d’énormes dégâts, comme au temps de la guerre d’indépendance, lorsque le FLN et le MNA se sont affrontés dans les deux pays, pour la direction de la Révolution ».
Enfin, il dresse un bilan mitigé sur les relations algéro-françaises, concluant qu’une réconciliation entre les deux pays ne sera possible que lorsque « les acteurs de la guerre de libération » et « l’islamisme radical » seront sortis du champ politique algérien.
