Sud : quand l’Algérie abandonne la mamelle qui la nourrit

GAZ
Depuis quelques jours, les populations de In Salah et de Tamanrasset, dans l’extrême sud du pays, manifestent contre l’exploitation du gaz de schiste. C’est la première fois que les habitants du Sud se mobilisent contre ce projet controversé. Il est à la fois porteur de dangers pour l’environnement et va aggraver la dépendance de l’Algérie à l’égard des hydrocarbures, déjà très importante.

Mais les populations de In Salah et de Tamanrasset ont une autre raison de manifester contre le gaz de schiste.  Les habitants du Sud le constatent depuis l’indépendance : toutes les richesses de l’Algérie proviennent de chez eux. Sans le pétrole et le gaz, qui génèrent 98% des recettes en devises du pays, l’Algérie serait aujourd’hui au même niveau que ses voisins du Sahel, dépendante de l’aide internationale pour survivre.

Certes, la rente pétrolière ne profite pas à tous les Algériens à cause notamment de la mauvaise gestion et de la corruption. Mais plus que celles du Nord, les populations du Sud vivent dans des conditions extrêmement difficiles : un taux de chômage élevé, le manque d’infrastructures de base, d’hôpitaux, l’insécurité due à la présence de groupes de trafiquants et d’islamistes armés, la prostitution…

Les habitants du Sud ont une autre raison d’être en colère contre l’Etat : tous les programmes de développement ont été réservés au Nord. Sur tous les grands projets d’infrastructures contenus dans les programmes de relance économique du président Bouteflika, hormis un projet d’alimentation en eau potable de la wilaya de Tamanrasset qui a été mal réalisé, tout a été réservé aux villes du Nord, avec en prime beaucoup de corruption, qui a vu des milliards de dollars partir en fumée.

 Pourquoi dans ce contexte les habitants du Sud accepteraient-ils aujourd’hui qu’on vienne mener des expérimentations dangereuses dans leur région à travers le gaz de schiste ? Ils savent que les bénéfices éventuels tirés de cette nouvelle source d’énergie ne leur profiteront pas. Le Sud est victime d’une injustice à laquelle il est urgent de mettre fin. L’Algérie a abandonné la mamelle qui la nourrit.

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