René Vautier, le cinéaste anticolonialiste n’est plus

Celui qui a fait trembler la censure française est décédé, ce dimanche, à l’âge de 86 ans. Engagé très tôt au Parti Communiste français, René Vautier s’affiche comme un anticolonialisme acharné et c’est au travers de ses réalisations cinématographiques qu’il choisit de faire passer ses convictions.

La guerre d’Algérie : son sujet de prédilection

Auteur du premier film anticolonialiste français avec Afrique 50, René Vautier fera l’objet d’une sévère censure avec une interdiction visant son œuvre durant plus de quarante ans. Le réalisateur n’en démord pas et après les émeutes en Côte d’Ivoire et au Mali, il choisit de s’attaquer à l’Algérie dès les années 50’ et les premiers soubresauts de la guerre d’indépendance.

Il consacrera une majorité de ses œuvres au traitement de la guerre d’Algérie. Son film, « Une Nation, l’Algérie » (1954), sera censuré à son tour et interdit de diffusion par les autorités françaises qui le poursuivront pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État ». Convaincu de l’imminente indépendance algérienne, il poursuivra en 1958 avec une réalisation sur les maquis des Aurès : « Algérie en flammes ». Cinéaste engagé, il ne quittera le sol algérien qu’en 1966 après avoir participé à la création du Centre audiovisuel d’Alger et participé à la formation de réalisateurs algériens.

Comment transformer de jeunes rappelés en criminels de guerre ?

C’est la question posée par Vautier dans Avoir vingt ans dans les Aurès , une de ses réalisations les plus célèbres, sortie en 1972 et qui reçoit le prix de la critique internationale au Festival de Cannes. Le film trouve son inspiration dans les auditions de contingents et dans le récit de Noël Favrelière, jeune rappelé qui avait déserté son régiment en s’enfuyant avec un prisonnier algérien vers les maquis de l’ALN. Une épopée de plus de dix mois, entre les frontières algériennes et tunisiennes, au cours de laquelle le parachutiste français aura l’occasion de côtoyer les réseaux de résistance. Le rappelé en rapportera un témoignage rare sur l’organisation des maquis et l’appui des populations locales au Mouvement de libération. Le récit intitulé « Le désert à l’aube » avait été publié en 1960 avant d’être saisi et interdit.


Avoir 20 ans dans les Aurès, bande annonce par COOPERATIVE-DHR

René Vautier aura contribué à briser un peu plus la censure étatique en entamant en 1972 une grève de la faim pour  protester contre le refus d’octroyer un visa d’exploitation « pour des critères politiques ». Une demande qui fait écho à la censure du documentaire Octobre à Paris de son ami Jacques PanijelRevenant sur la nuit noire du 17 octobre 1961, qui a vu le massacre de manifestants algériens pacifistes par la police parisienne sous les ordres du préfet Maurice Papon, le film sortira finalement dans quelques salles parisiennes en 2011.


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