Chute des prix du pétrole. Le réveil tardif de Bouteflika

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Abdelaziz Bouteflika a présidé, ce mardi 23 décembre, une réunion restreinte autour de la chute des cours du pétrole et ses répercussions sur l’économie nationale. Au terme de la réunion un communiqué final a été diffusé via l’agence d’information officielle APS. Le président juge la situation « inquiétante », mais « maîtrisable » grâce à notre balance de paiement et « nos réserves de changes ».

Pas de panique donc au sein du gouvernement ni chez le président de la République. Le pays n’est pas en danger. Pour preuve le gouvernement est instruit à maintenir le plan d’action pour 2015. Les subventions ne seront pas touchées. Bref, l’on est en mesure de s’interroger sur l’intérêt de la réunion d’aujourd’hui si la situation est considérée comme normale chez les dirigeants du pays. En réalité le gouvernement n’a plus aucune marge de manœuvre, lui qui n’a pas vu la crise venir.

Les prix du baril du pétrole ne cessent de dégringoler depuis le début de l’année en cours. Face à cette situation, nous avions eu droit à des messages rassurants émanant des représentants du gouvernement. D’ailleurs la Loi de finances 2015, adoptée en novembre par le Parlement, ne fait en aucun cas allusion au recul des recettes dû à la chute des prix du pétrole. Le gouvernement n’est pas capable d’anticiper la crise. Pour des raisons politiques liées notamment aux présidentielles d’avril dernier, il a maintenu un seuil de dépenses très élevé, puisant dans les ressources du Fond de régulation des recettes, qui passe de 7 000 milliards de DA en 2012 à 4 500 milliards en 2014.

Le président Bouteflika a décidé d’agir mais il semble l’avoir fait dans les temps morts. La crise est une réalité et non un projet. Une donne qui semble paradoxalement échappée à Abdelaziz Bouteflika qui a instruit le gouvernement « de rationaliser les dépenses », sans pour autant définir les contours de ce grand concept économique. Il a instruit son staff de « maîtriser les coûts des projets » ; « développer le marché financier » ; « diversifier l’économie nationale ». Du déjà entendu.

Au delà du fait que ses instructions soient un aveu d’échec, d’abord pour le président et ses gouvernements successifs, des questions s’imposent sur « l’opérationnalité de la feuille de route du président ». L’Algérie est-elle en mesure de réaliser en quelques mois ce qu’elle a échoué pendant 52 ans ? Le pays en crise a besoin de solutions urgentes, d’actions immédiates, or le chef de l’État parle d’actions dont la réalisation nécessite plusieurs décennies d’où les inquiétudes sur les capacités de l’Algérie à faire face à la nouvelle crise économique qui s’annonce.


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