Reportage. Démolition d’une vieille cité sous haute tension à Berraki (Alger)

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Tissus, matelas, chaussures, barres de fer, troncs d’arbres et autres objets au milieu d’une placette entourée par de gros gravats résultant d’une démolition toujours en cours. Dans la matinée de ce dimanche 21 décembre, la démolition de la cité Diar El Baraka à Berraki, dans la banlieue sud d’Alger, ne s’est pas déroulée dans le calme. « Ma mère et ma tante malades et la femme de mon oncle enceinte ont été traînées par les agents de l’ordre », lâche Manel qui a du mal à contenir ses larmes. « Ils ont arraché notre porte et ont jeté nos affaires à l’extérieur », affirme une autre femme.

« Ce n’est pas un bidonville »

« Les agents de l’ordre sont venus à cinq heures du matin sans nous informer préalablement (de l’expulsion, ndlr) », raconte Karim, un vieil habitant du quartier, entouré par ses deux fils, debout à côté d’une petite camionnette chargée de meubles. « Ce n’est pas un bidonville. J’habite à Berraki depuis des années. J’ai obtenu un logement (social, ndlr) de trois pièces pour moi et pour mes trois fils qui se sont mariés et ont eu des enfants », proteste l’homme.

« Cinquante ans »

« Cela fait cinquante ans que je suis là. Pourquoi ne me laissent-ils pas chez moi. Je ne leur ai pas dit que je voulais être relogée », lance sa femme. Les habitants restés encore à Diar El Baraka montrent, à qui veut les voir, leurs actes de propriété ou des affiches de renseignements pour démontrer qu’ils sont bien natifs de Berraki. Comme Salima qui assure vivre dans une maison avec quatre autres familles et ses sept filles. « On ne m’a pas donnée de logement ! Je vais les jeter dans la rue, mes filles ! », tonne-t-elle. Un membre de sa famille affirme avoir été brutalisé par la police après avoir essayé de « réclamer ».

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« Pas de violence »

En début d’après-midi, la démolition était en cours sous le regard « abdicatif » des habitants protestataires. Certains d’entre eux s’attelaient, en dépit des menaces qu’ils proféraient, à ramasser les derniers objets restés encore dans les maisons et les mettre dans les camions. De nombreux policiers étaient déployés sur le site dont des éléments de la Brigade de recherches et d’intervention (BRI). « Les habitants savaient pertinemment qu’ils devaient quitter le site car ils étaient informés », affirme un policier. Les traits tirés par la fatigue, il dément « l’usage de violence. »

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Relogement

En fait, une grande opération de relogement était annoncée, mi-décembre, par le wali d’Alger Abdelkader Zoukh. « Les familles de Diar El Baraka seront toutes recasées à la cité des 1 078 logements de Bentalha, dans la même commune de Berraki et qui sera inaugurée à cette occasion », avait-il indiqué selon les propos repris par le site de la Radio nationale. « L’étude de ces 1 700 dossiers a permis de découvrir que des postulants n’avaient pas droit au logement parce qu’ils résidaient à l’étranger, qu’ils en sont déjà bénéficiaires ou qu’ils avaient fait de fausses déclarations transmises à la justice », avait-il ajouté.


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