La chronique de Hafid Derradji. On aura besoin d’un miracle !

Hafid Derradji

Je n’exagère pas aujourd’hui si je disais que l’Algérie aurait besoin d’un miracle à l’avenir pour en finir avec les malversations et les conséquences des pratiques subies par l’État et le Peuple pour maintenir un semblant d’équilibre et de stabilité face à la situation politique, économique, sociale et même intellectuelle et culturelle qui prévaut dans le pays. Si la gouvernance par procuration d’un président inscrit aux abonnés absents perdure et si la tromperie se poursuit, cela nous mènera inéluctablement vers la misère, la destruction et la peur d’un avenir incertain après le départ de Bouteflika.

Je ne répéterai pas les termes et le vocabulaire maintes fois étalés dans mes articles, car le simple fait de les allonger sur papier m’ennuie, mais tout porte à croire que les choses ne vont pas bon train puisqu’on parle d’un possible changement de Premier ministre et de remaniement ministériel. On parle également d’un changement à la tête des grandes entreprises et institutions stratégiques dans une énième tentative de faire face à la baisse des revenus, donner du souffle à un système en échec complet, absorber le ressentiment  populaire et la colère de l’opposition, en plus des scandales à répétition qui font les unes des journaux et des magazines chaque jour.

Un autre sujet de discussion circule dans les couloirs, celui de la fin du mandat du Secrétaire général du FLN et son remplacement par le frère du Président. L’objectif serait de faire barrage devant tout opposant au SG actuel et ouvrir la voie à un candidat présidentiable qui ne serait pas forcement Abdelmalek Sellal. Ce dernier s’est attiré les foudres du cercle du Président suite à ses récentes déclarations en France sur la santé du Président et son hospitalisation à Grenoble. Ce cafouillage a fait de sa visite à Londres un vrai faux-pas médiatique et diplomatique.

Les coulisses et les rapports médiatiques locaux et internationaux parlent de conflit qui fait rage pour la nomination du successeur du Président, ils prédisent même des élections anticipées devant se tenir courant 2015. Cette décision reflète apparemment des pressions externes qui sont prêtes à vendre l’Algérie aux enchères afin de protéger leurs intérêts. Du coup, nous nous retrouvons devant deux courants, l’un veut un successeur du cercle du Président et l’autre qui désire une rupture avec le système actuel dont le mandat est taché de scandales divers tels les dernières élections présidentielles, Sonatrach, l’autoroute Est-Ouest et les fonds agricoles ainsi que les nombreux dérapages politiques et éthiques qui n’ont fait que ranimer la haine entre les enfants d’un seul pays et d’un seul peuple.

La dernière visite du Premier Ministre à Paris a fait la lumière sur de nouvelles concessions et sa visite à Londres est entourée d’obscurité. Cela démontre un disfonctionnement dans le système qui, pour se maintenir en place, s’agenouille devant les intérêts français, même si cela impliquait le retour des Pieds noirs à leurs propriétés en Algérie et faire taire les voix qui réclament une repentance française pour les crimes commis en Algérie… L’absurde peut même se traduire par une repentance en sens contraire ;  des excuses algériennes à la France pour la Révolution et notre indépendance !

Pour ce qui est de la chute des prix du pétrole de 50% en trois mois, celle-ci sera le plus grand défi de l’Algérie post-Bouteflika et cela à cause des pertes induites sur les revenus. Cela poussera indéniablement l’Algérie à s’appuyer sur l’aide internationale et à appliquer une politique d’austérité et de rigueur pour satisfaire son peuple et faire face à ses obligations régionales et internationales, après avoir tout dépensé pour acheter à un prix exorbitant le silence et la paix sociale.

Je n’exagère pas non plus, si je viens à dire que si la situation politique, sociale et économique actuelle perdure, elle représenterait un vrai danger pour un pays qui fond dans les mains d’une poignée de personnes dont le seul objectif est d’exterminer l’institution militaire, l’opposition et les personnalités nationales qui représentent un obstacle à son maintien au pouvoir. Un groupe à l’esprit tribal teinté de vengeance et de haine à l’égard de tout ce qui est différent où diffère. L’Algérie s’assimile actuellement à une propriété privée appartenant à un cercle dont le seul objectif est d’assurer la succession au sein de sa tribu sans une quelconque considération pour la volonté du peuple.

derradjih@gmail.com


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