Chute des prix du pétrole. Quelles solutions entre les mains du gouvernement

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La chute des prix du pétrole devrait se poursuivre en 2015 et impacter fortement les revenus de l’Algérie. Une situation qui va fragiliser davantage l’économie nationale fortement dépendante des hydrocarbures. Pour faire face à la crise qui s’annonce, le gouvernement dispose de plusieurs solutions. Lesquelles ?

Déprécier le dinar

C’est la solution de facilité : dévaluer le dinar. Une telle décision aura plusieurs effets : augmenter artificiellement les recettes de l’État, affaiblir le pouvoir d’achat des Algériens afin de réduire la consommation et donc les importations.

Société Générale Algérie anticipe déjà une forte baisse de la monnaie nationale en 2015 par rapport au dollar et à l’euro, selon un document obtenu par TSA. La banque française voit le dollar à 96 dinars et l’euro à plus de 113 dinars en novembre 2015. Cette technique qui permettra à l’État d’augmenter artificiellement ses recettes fiscales issues de l’exportation des hydrocarbures. Cependant, cette solution est risquée : une baisse du pouvoir d’achat risque de provoquer des troubles sociaux. Ce que le pouvoir cherche à tout prix à éviter.

Réduire les subventions

En 2013, les transferts sociaux avaient atteint 1268,4 milliards de dinars (15 milliards de dollars), soit 20% des dépenses de l’État (6092,1 milliard) selon le rapport 2013 de la Banque d’Algérie sur l’évolution de la situation monétaire et économique, dont TSA détient une copie. Le gouvernement peut mettre en place un système de subventions ciblées qui iraient directement aux populations défavorisées.

Aujourd’hui, l’État subventionne de nombreux produits de large consommation comme les céréales, le lait, le sucre, l’huile alimentaire, le gaz, les carburants, l’eau, l’électricité, le logement, l’éducation, etc. Des subventions qui profitent à tout le monde en Algérie, y compris les étrangers qui y travaillent en expatriés. Pire : une multinationale comme Coca Cola Algérie achète le sucre subventionné pour produire ses boissons.

Revoir la politique fiscale

En 2013, les impôts sur les revenus et les bénéfices (salaires, bénéfices des sociétés) étaient supérieurs aux impôts sur les biens et les services (TVA, taxe sur le tabac, etc), ce qui illustre parfaitement l’importance de l’économie parallèle.

En 2002, selon la Banque d’Algérie, les impôts sur les revenus (112,2 milliards de dinars) représentaient la moitié des impôts sur les biens et les services (223,4 milliards de dinars). Depuis cette date, le montant des impôts sur les revenus n’a pas cessé d’augmenter pour dépasser les impôts sur les biens et les services pour la première fois en 2010 (voir tableau).

Le gouvernement peut progressivement s’attaquer à ce phénomène, en obligeant les commerçants à payer leurs impôts.

Tableau :

  2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Impôts sur les revenus (1) 112,2 127,9 148 168,1 241,2 258,1 331,5 462,1 561,7 653,9
Impôts sur biens et services (2) 223,4 233,9 274 308,8 341,3 347,4 435,2 478,5 514,7 539,4
Droits de douane (3) 128,4 143,8 138,8 143,9 114,8 133,1 164,9 170,2 181,9 210,4
Recettes fiscales (4) 482,9 524,9 580,4 640,4 720,8 766,7 965,2 1146,6 1298 1448,9
(1) / (4) (en %) 23,2% 24,4% 25,5% 26,2% 33,5% 33,7% 34,3% 40,3% 43,3% 45,1%
(2) / (4) (en %) 46,3% 44,6% 47,2% 48,2% 47,4% 45,3% 45,1% 41,7% 39,7% 37,2%
(3) / (4) (en %) 26,6% 27,4% 23,9% 22,5% 15,9% 17,4% 17,1% 14,8% 14,0% 14,5%
(2+3) / 4 (en %) 72,9% 72,0% 71,1% 70,7% 63,3% 62,7% 62,2% 56,6% 53,7% 51,7%

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