Les deux tares de l’économie algérienne, selon l’ancien patron du FMI

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Dans ses mémoires qu’il vient de publier en France, Michel Camdessus, qui a dirigé le Fonds monétaire international (FMI) du 16 janvier 1987 au 14 février 2000, révèle notamment les dessous des négociations sur le rééchelonnement de la dette algérienne qui a mené à une libéralisation de l’économie au début des années 90. Il souligne notamment les réticences dont ont fait preuve les différents gouvernements algériens pour négocier avec le FMI et le Club de Paris.

Les trois mousquetaires

Selon Michel Camdessus, le FMI a dû attendre jusqu’à 1993  avec la nomination de Redha Malek comme Premier ministre pour que le paysage change (l’auteur évoque l’an 1992). La constitution d’une nouvelle équipe chargée de l’économie, composée d’Ahmed Benbitour (alors ministre des Finances) et Abdelouahab Keramane (nommé Hafid dans le livre, à l’époque gouverneur de la Banque d’Algérie, aujourd’hui en fuite à l’étranger suite à l’affaire Khalifa), favorisera les négociations. Ils seront d’ailleurs surnommés « les trois mousquetaires » par les dirigeants du FMI de l’époque.

Michel Camdessus évoque deux grands obstacles rencontrés durant les négociations entre l’Algérie et le FMI : le montant de la dévaluation du dinar algérien et le lieu où se réunirait le Club de Paris. Pour le gouvernement algérien, ce lieu ne pouvait être Paris. Camdessus écrit : « Il n’est politiquement pas possible, parait-il, d’aller chercher de l’aide dans la capitale de l’ancienne puissance coloniale. »

Les deux tares de l’économie algérienne

Le FMI voulait faire passer le taux de change du dollar de 23 à 42 dinars « pour atteindre une parité crédible », raconte Michel Camdessus. Les deux parties s’entendront sur un taux de 38 dinars pour un dollar. Quant à l’endroit où se déroulerait la réunion, elle finira par avoir lieu… à Paris.

Michel Camdessus effectue, par ailleurs, une analyse des raisons qui ont mené à la situation économique catastrophique des années 80/90. Selon lui, l’Algérie postcoloniale a été « handicapée d’une double tare : les mirages soviétiques d’une planification centrale conduisant à de formidables gaspillages de la rente pétrolière et un interventionnisme colbertiste de la pire espèce, hérité de son colonisateur, dont il ne fera qu’accentuer les travers. » Une analyse qui pourrait toujours sembler d’actualité aujourd’hui, 20 ans après les premières négociations avec le FMI.


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