Touggourt : retour sur un week-end tragique

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Le vendredi 28 novembre 2014, deux Algériens ont perdu la vie à Touggourt et une quarantaine ont été blessés dont certains gravement. Les circonstances qui ont mené à ce drame ne sont pas encore totalement claires. Une enquête est en cours pour permettre de comprendre comment un tel drame a pu se produire. Le contexte dans lequel ces morts se sont produites est néanmoins connu.

Tout a commencé durant la semaine dernière lorsque les habitants du quartier Drâa-el-Baroud, dans la commune de Nezla près de Touggourt, sont sortis manifester des revendications sociales. Ces manifestants, jeunes pour la plupart, semblaient exaspérés par les retards dans les attributions promises de lots de terrain à bâtir et l’absence de raccordement au réseau d’alimentation en eau potable.

Pour exprimer leur ras-le-bol, les protestataires ont « fermé la Route nationale 3, [qui] relie Hassi Messaoud à Ouargla, pendant trois jours », a expliqué à TSA Abdelkrim Korichi, sénateur du tiers présidentiel. La police est intervenue le 28 novembre pour disperser les manifestants. Elle a effectué 14 interpellations.

Ces interpellations n’ont fait que renforcer la colère des manifestants qui, transformés en émeutiers, se sont dirigés vers le commissariat pour exiger la libération des 14 détenus. Une source policière affirme que les manifestants ont « attaqué le commissariat avec des cocktails Molotov ». C’est supposément à ce moment-là que les affrontements entre policiers et émeutiers ont été à leur paroxysme. La tension devait probablement être à son comble et, comme a déclaré M. Korichi, « il y a eu une erreur, un coup de feu. Deux jeunes sont morts ». Une version que ne confirment pas les policiers sur place. Aux enquêteurs de la DGSN, ils ont affirmé ne pas avoir tiré. Il faut attendre les résultats de l’autopsie pour connaître les causes exactes des décès.

Le ministre de l’intérieur Tayeb Belaiz et le DGSN Abdelghani Hamel se sont déplacés le lendemain du drame à Touggourt pour rencontrer les autorités locales. Pour calmer la situation, le ministre de l’Intérieur a annoncé comme « mesure préliminaire » la suspension du chef de daïra de Touggourt et le chef de la Sûreté. Il a aussi annoncé l’octroi d’une aide d’un million de dinars et d’un logement à chaque famille des deux victimes. Le ministre a, par ailleurs, promis que des mesures seront prises pour régler les problèmes liés aux attributions des lots de terrain qui étaient initialement la source de la gronde.

L’opposition a, sans surprise, condamné la violence des évènements. Dans sa déclaration, le RCD a « exigé que justice soit rendue » et a accusé le pouvoir de réagir « par des moyens répressifs qui contrastent extrêmement avec la contestation pacifique des jeunes qui étaient rassemblés pendant deux jours avant que la police n’intervienne ». Le MSP a, quant à lui, demandé « l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du meurtre des deux jeunes » et appelé les habitants de Ouargla à exprimer leurs revendications pacifiquement et « d’éviter la violence dans tous les cas ».


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