La chronique de Hafid Derradji. Le compte à rebours a commencé

Hafid Derradji

La confusion dans laquelle se débat le cercle présidentiel depuis un bout de temps fait la une à chaque fois que Bouteflika est transporté en France ou en Suisse pour des soins et à chaque fois que le Président s’affiche sur nos écrans avec une image tellement humiliante pour l’homme et la patrie.

La confusion prend une autre dimension chaque fois que le front social s’embrase et que l’opposition resserre ses rangs pour exiger d’une voix unanime des élections présidentielles anticipées pour sauver ce qui reste à sauver d’un pays où les institutions sont à l’arrêt et où il ne fait pas bon vivre car dépendant d’un seul homme dont l’unique objectif est d’apparaître à la télévision pour prouver qu’il est en vie. Cet homme reçoit ses visiteurs et exerce ses fonctions sans savoir que son apparition dans cette état pathétique est une insulte pour lui et pour un pays qui a tant besoin d’un homme fort et d’un autre mode de gouvernance qui ne se joue pas du peuple et ne le méprise pas !

L’apparition du Président sur les écrans de télévision est devenue un événement politique et médiatique important pour le chef de l’État et son entourage. Certaines chaînes et sites Internet vont jusqu’à faire passer ces apparitions pour une exclusivité prouvant ainsi que le Président se porte comme un charme et s’attèle à ses taches contrairement au peuple malade qui, lui, devrait être interné en asile psychiatrique ou se laisser mourir de douleur, de chagrin et d’amertume pour un pays en salle de réanimation. Un pays transformé en farce dont on a honte devant les peuples et les nations du monde.

L’inertie et l’invalidité du Président ont fait tomber le pays dans un gouffre qui laisse entrevoir une crise majeure si les Algériens ne se hâtent pas de sauver leur pays et leur Président des griffes de son entourage qui monopolise le pouvoir. De ce fait, nous pouvons apercevoir une grande prise de conscience chez l’opposition qui crie au vide constitutionnel et exige des élections présidentielles anticipées. Les militants du FLN, à leur tour, se sont réveillés en voyant le net retrait de leur parti, pris en otage. Quant au peuple, il exprime son mécontentement et sa frustration devant cet état des choses et le dysfonctionnement des institutions.

La rue algérienne persiste dans ses revendications socioprofessionnelles à travers tout le territoire national jusqu’à ce qu’on libère le Président en le débarrassant de son cercle qui s’entête à gouverner en son nom tout en aliénant et écartant les institutions de l’État de leur rôle et en redessinant la carte politique dans laquelle le pays resterait otage de leurs malversations, loin de la légitimité populaire et des lois de la République.

Les dommages causés au pays ont atteint leur paroxysme et cela devrait empirer avec la baisse des prix du pétrole, la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens et l’effondrement des valeurs et de l’éthique. À cela, il faut ajouter l’anéantissement des institutions de l’État, avec la courbe des malversations et des détournements qui prend un ascendant jamais égalé et où les forces vitales du pays ne pourront même plus demander des élections présidentielles anticipées, mais plutôt des comptes pour les dangers subis par le pays à cause du cercle présidentiel.

Nous avons découvert le schéma destructeur dudit cercle qui nous miroite un État civil inexistant et fictif et dont l’objectif final est l’instauration d’un royaume où toutes les institutions fondent pour ne laisser place qu’à la vénération d’un être entouré d’un groupe autoritariste visant le pouvoir coûte que coûte et à tout prix.

derradjih@gmail.com


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