Pétrole : pourquoi les prix baissent

zouiouèche

Jeudi, le prix du pétrole, le Brent a franchi en baisse le seuil des 80 dollars. A vingt heures, il était à moins de 79 dollars (78.22 dollars à 20h18). Dans cet entretien, Nazim Zouioueche, un expert en énergie et ancien P-DG du groupe Sonatrach entre 1995 et 1997, explique les raisons de la baisse des prix du pétrole et ce que doit faire l’Algérie pour éviter la crise.

 Quelles seront les conséquences de cette nouvelle baisse du prix du pétrole ?

Nous allons encore puiser dans le Fond de régulation des recettes (FRR) s’il n’y a pas de changements dans les prévisions budgétaires. Il faut savoir que dans la Loi de finances pour 2013, on prévoyait 7000 milliards de dinars pour le FRR et que dans la Loi de finances pour 2015, on prévoit désormais 4500 milliards de dinars. Notre ministre de l’Energie annonce que les recettes en 2014, seraient de 60 milliards de dollars (les importations seront légèrement supérieures). Cela veut dire qu’on va dépenser plus que ce qu’on gagne.

Peut-on encore parler d’une baisse conjoncturelle ?

J’espère me tromper mais je pense que cette tendance baissière va se maintenir et pour l’instant rien n’indique que ce soit conjoncturel. Pourtant la situation géopolitique aurait dû provoquer une hausse du prix du pétrole.

A quoi cette baisse est-elle due ?

La crise économique dans le monde a fait que certains pays diminuent leurs importations comme la Chine qui est un grand importateur. Ensuite, la venue des huiles de schiste américaines a aussi contribué à cela. Les Américains sont beaucoup moins importateurs qu’ils ne l’étaient. Après, les pays importateurs ont su développer des industries moins dépendantes des hydrocarbures. Au sein de ces grands pays importateurs, il y a également le développement des énergies renouvelables.

Le gouvernement pouvait-il l’anticiper ?

Comment l’anticiper ? Personne n’a une boule de cristal. Ce qu’il fallait faire quand le pétrole était à 110 dollars, c’était de développer des activités pour créer une richesse et diminuer les importations. Dans les années 1980, le prix du pétrole était arrivé à 42 dollars. En dollars constants, ce prix était supérieur au prix que nous avons atteint en 2008. Et deux ans avant la chute du prix du pétrole (1986), on avait aussi maintenu le train de dépenses dans la Loi de finances pour 1984.

Quelles seront les mesures à prendre ?

Il faut investir dans l’entreprise, qui participe à l’effort de la production en Algérie. Actuellement c’est l’importation qui prime. Il faut revoir toutes les subventions et faire en sorte qu’elles soient destinées aux couches de la population qui le méritent.


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