CONTRIBUTION. Le complot !

khelifa

C’est un fait inédit en Algérie. Des policiers appartenant aux unités antiémeutes sont sortis dans la rue, non pas pour accomplir leur mission de maintien de l’ordre, mais pour organiser une manifestation sur la voie publique dans la capitale où les marches sont pourtant interdites depuis 2001.

Il s’agit d’un événement sans précédent qui a désorienté la majorité des Algériens stupéfaits devant ce comportement inattendu et non conforme au statut organique que ces policiers sont tenus de respecter scrupuleusement et aux défis sécuritaires auxquels fait face aujourd’hui le pays.

Au-delà des revendications exprimées par les protestataires dont certaines sont légitimes, il est question d’un fait gravissime que nous devons observer avec une attention particulière, sans charger qui que ce soit. Ce n’est nullement un fait divers qui, après la surprise générale, sera archivé, mais bel et bien une tentative de bouleversement des mœurs policières conventionnelles dans laquelle ont été embarqués des jeunes policiers dont un grand nombre n’ont pas connu l’enfer de la lutte antiterroriste des années 1990.

Souvenons-nous. Tout est parti de Ghardaïa ; ce qui n’est pas vraiment le fruit du hasard, dans la mesure où cette ville constitue depuis plus d’une année la cible des incendiaires qui ont lamentablement échoué à répandre la combustion à travers tout le pays. Il est donc essentiel, pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants d’un tel acte aux apparences de sédition, de revisiter la capitale du M’zab, car c’est là-bas que se trouve une partie des réponses à nos questions. Á notre avis, le prolongement de cette protestation à Alger, les 15 et 16 octobre dernier, visait à lui assurer les conditions d’une mutinerie médiatisée, à l’insu même des policiers « manœuvrés » à distance.

Tout est parti de Ghardaïa. Il est capital de le souligner, car ce qui s’est passé, le lendemain, à Alger, servait beaucoup plus à faire du bruit, à défaut de créer les conditions favorables à une démarche suicidaire qui aurait terminé dans un bain de sang.

Qui a allumé la mèche et qui a poussé des policiers en exercice à bafouer les principes mêmes du devoir policier, au moment où l’Algérie est exposée à toutes sortes de menaces ? En portant dans la rue leurs problèmes réels liés à l’exercice de leur fonction, les quelques dizaines de frondeurs se sont-ils aperçus de l’indifférence absolue affichée à leur égard par la population algérienne ? Certes, ils ne constituent, à tout casser, qu’une centaine, sur un effectif global de plus de 200 000 policiers, mais leur mouvement de protestation, à travers lequel une revendication a été soudainement amplifiée – elle concerne le départ du général-major Abdelghani Hamel – a révélé la véritable nature des instigateurs d’un complot unique en son genre.

Ceux qui ont parlé de rébellion de la police ou ceux qui continuent de chercher à savoir si ce mouvement constitue un comportement démocratique ou une menace contre l’État s’adonnent à une diversion des plus absurde. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Quelles que soient les divergences opposant X à Y ou Y à Z, ce ne sont certainement pas quelques dizaines de policiers mécontents qui vont imposer leur loi à un État consolidé par la présence d’hommes de la trempe du général-major Abdelghani Hamel. Cette façon « théâtrale » de concevoir les choses est des plus insidieuses, puisqu’elle tente de maquiller l’essentiel de la question par une sorte de subterfuge qui se veut lui aussi « théâtral ». Et l’essentiel réside dans le fait qu’au-delà du DGSN, de la police et des autres services de sécurité, c’est l’Algérie qu’on essaie de « punir » parce qu’elle a résisté aux pyromanes du machiavélique « Printemps arabe », en s’attaquant à une institution sécuritaire qui a pourtant connu une remarquable évolution à tous les niveaux.

Depuis la nomination du général-major Abdelghani Hamel à la tête de la DGSN, cette dernière a accompli des pas de géant sur la voie de la modernisation et s’est hissée au rang des polices les mieux imprégnées des valeurs liées au respect des droits humains. C’est une vérité reconnue et saluée sans aucune complaisance par de nombreux experts étrangers.

Alors, qui a fait « marcher » sur la tête ces policiers, en les condamnant à une posture qui provoque des hallucinations et mène à tous les excès, et dans quel but ?

*Amar Khelifa est directeur du magazine El Djazair.com

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