Entretien. Abdelmalek Benhamadi, P-DG de Condor : « Il faut aller vers la convertibilité totale du dinar »

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Abdelmalek Benhamadi est le PD-G de Condor, filiale du groupe éponyme. Dans cet entretien, il plaide pour la convertibilité totale du dinar et explique les secrets de la réussite de Condor et les difficultés rencontrées pour son développement.

Condor revendique 30 à 40% de parts de marché. Qu’est-ce qui a fait le succès de votre marque ?

La rigueur, le sérieux, la fiabilité de nos produits, le service après-vente, et surtout le rapport entre la qualité et le prix. Nos produits répondent aux besoins des consommateurs et sont abordables. Le consommateur est ce qu’il y a de plus important pour nous. Toute la politique de l’entreprise doit être orientée vers la satisfaction du client.

Quels sont vos concurrents ?

Nous avons une rude concurrence de la part des multinationales installées en Algérie (LG, Samsung) ainsi que des marques nationales. Il faut respecter la concurrence et on travaille pour rester leader. Ce n’est pas facile. Nous faisons tout pour offrir un bon produit à nos clients.

Quelle est la branche du groupe Benhamadi qui génère le plus de profits ?

Condor représente 60% des rentes du groupe. Mais en valeur relative, il y a des entreprises plus profitables, comme Hodna Métal.

Avez-vous d’autres projets d’investissements ?

Nous avons beaucoup de projets dans les cartons, mais nous sommes bloqués par le manque de terrains. La zone industrielle de Bordj Bou Arreridj est saturée. Il y a des extensions qui ont été programmées, mais elles ne sont pas encore réalisées. On n’avance pas à cause de l’absence de foncier industriel malgré toutes les bonnes volontés des autorités locales.

Pourquoi n’allez-vous pas vers d’autres wilayas ?

C’est ce qu’on est en train de faire, mais ce n’est pas toujours facile de trouver des terrains. Dans le médicament, notre usine sera basée à Sidi Abdellah à Alger.

Que proposez-vous pour améliorer le climat des affaires en Algérie ?

La non-convertibilité du dinar est un anachronisme. Il faut aller vers une convertibilité totale du dinar. Je ne dis pas que cela doit se faire dans l’immédiat, mais elle doit être un objectif. Aujourd’hui, pour participer à une foire à l’étranger pour exposer nos produits dans le but d’exporter, nous achetons les devises au marché noir. Ce n’est pas normal. Comment voulez-vous développer les exportations hors-hydrocarbures alors que nous n’avons pas les moyens de participer à des foires. Il n’y a pas de vision économique claire de la part du gouvernement. Par exemple, l’exportation ne doit pas rester un simple slogan. On doit  encourager les entreprises à augmenter leur productivité et on commence à réfléchir sérieusement à l’exportation. Il n’y a aucune politique claire pour encourager l’exportation. Il faut aussi penser à créer une entreprise de transport maritime nationale. Actuellement nous dépendons des entreprises étrangères, ce qui est dangereux pour notre pays.

Vous avez racheté la société Batigec. Vous l’avez payé combien ?

D’abord, je tiens à préciser qu’avant de la racheter, nous avons demandé au gouvernement si l’État allait exercer son droit de préemption. Il a répondu : non. On a eu donc l’autorisation de la racheter et nous l’avons payé 320 millions de dinars.

Avez-vous fait une bonne affaire ? 

On peut dire que c’est une erreur. Tout le monde peut se tromper. Batigec était très endettée. Nous avons trouvé une créance avec des sous-traitants qui dépasse les 5 milliards de dinars que nous avons payés à 80%. Il reste une dette par rapport à la BNA d’un montant de 10 milliards de dinars, soit 100 millions d’euros. Nous avons payé une première tranche de 570 millions  de dinars en juillet. Nous avons une échéance au mois d’octobre. La masse salariale mensuelle est de 200 millions de dinars. L’entreprise emploie 3 178 salariés.

Qu’en est-il des projets de Batigec ?

Batigec avait des projets avec l’État. Il s’agit de logement social participatif  (LSP) et du logement social locatif qui ont accusé un retard énorme. Nous avons mis tous les moyens pour rattraper le retard. On peut dire qu’un retard de cinq ans a été rattrapé en sept mois. Tous les projets sont en état d’avancement actuellement.

Et pour le logement promotionnel ?

Nous avons un site à El Biar de 404 logements. Nous avons démoli les bâtiments existants, car ils ne sont pas conformes. Il y a aussi 88 logements à Bejaïa, à Bouira et Constantine. C’est le LSP qui pose un problème par rapport aux acquéreurs qui ont payé, mais qui n’ont toujours pas eu leur maison. Il y a 6 800 logements LSP à Alger et nous allons commencer à livrer à partir de janvier prochain. Le problème, c’est ce que les VRD ne sont pas prêts. Ce sont d’autres sociétés qui devraient s’en occuper, mais elles n’ont pas fait leur travail.


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