Droits humains en Algérie : les constats d’un responsable de Human Rights Watch à Alger

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L’organisation internationale Human Rights Watch (HRW) a organisé, ce samedi 18 octobre, une conférence de presse à Alger pour la première fois depuis près de dix ans au sujet de la situation des Droits de l’Homme dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, rappelle son directeur adjoint du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Eric Goldstein. « L’Algérie est le seul pays au Maghreb où l’accès est difficile (pour l’organisation), il était assez difficile d’obtenir les visas », a déclaré d’emblée ce responsable.

Ce dernier s’est dit donc ravi « De tenir cette conférence de presse ici à Alger pour la première depuis 2005 ». Des chercheurs de HRW seront, prochainement, autorisés à venir en Algérie pour mener des enquêtes ? « Nous avons eu des discussions constructives avec des responsables au ministère des Affaires étrangères et on ne peut qu’espérer que ça aboutira à plus d’accès pour les chercheurs de HRW, Amnesty international, Fidh et toutes organisations des Droits de l’Homme, c’est à tester dans les mois à venir », a précisé M. Goldstein.

Interrogé sur la situation des Droits de l’Homme, le responsable de HRW a affirmé qu’il y avait « beaucoup de préoccupations ». « Même en dehors du pays, on suit les entraves à l’interdiction de manifester, (…) des entraves aux droits des associations qui n’arrivent pas à obtenir d’agrément », a-t-il souligné en rappelant que « certains n’arrivent même pas à obtenir l’agrément pour organiser la conférence de presse ». L’intervenant a, également, évoqué le licenciement des syndicalistes.

Disparitions forcées : une commission d’enquête indépendante 

Le directeur adjoint du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a salué la présence des familles de disparus dans la salle. « C’est un dossier que HRW a suivi depuis 1990 et c’est malheureux de voir qu’elles (les familles) sont toujours à la recherche de leurs fils et leurs filles. Qu’elles soient toujours en quête de la vérité », a-t-il dit.

« Nous nous sommes exprimés sur la loi dite pour la paix et la réconciliation nationale. Nous sommes contre l’impunité et pour la vérité, et je respecte aussi le choix de ceux qui ont voté pour cette loi », a ajouté ce responsable.

Eric Goldstein donne, en exemple, les pays de l’Amérique latine. « Il fallait beaucoup de temps mais la vérité a éclaté et il y a eu des poursuites et des enquêtes sérieuses », a-t-il lancé. Pour lui, la vérité n’est pas uniquement de savoir ce qui s’est exactement passé mais aussi une « reconnaissance de l’État ». « Beaucoup de gens ont été enlevés pour rien », a-t-il ajouté. « Beaucoup ont accepté les indemnisations, c’est leur choix, on le respecte. Nous sommes solidaires aussi avec ceux qui refusent et demandent la vérité ».

Goldstein a estimé aussi qu’une « Commission d’enquête indépendante serait une des façons efficaces pour donner un peu de vérité pour les familles qui souffrent autant. Et, il faut dire que l’IER (Instance équité réconciliation, ndlr) marocaine, avec toutes ses défaillances, a donné, à la fin, une part de vérité aux familles parce qu’ils ont dévoilé des choses sur les années de plombs », a-t-il assuré en ajoutant : « Jusqu’à maintenant, l’Algérie n’a pas entamé une telle démarche. On espère que ça viendra ».


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