Transition : l’ambiguité de l’opposition et les propositions du FLN

Cinq mois après les élections présidentielles du 17 avril dernier, la transition politique reste d’actualité. L’absence du président Bouteflika sur la scène politique et le flou soigneusement entretenu sur son état de santé servent incontestablement d’arguments pour l’opposition afin de s’organiser autour de ce projet.

Départ de Bouteflika

Mais si l’opposition est d’accord sur l’intérêt de la transition, elle reste par contre divisée sur ses mécanismes. De ce fait, trois tendances se dégagent. La première est représentée par la CNLTD. Elle a décidé de ne plus accorder aucun crédit au pouvoir en place. Pour les partis politiques et les personnalités de cette Coordination, la transition passe par le départ du président Bouteflika. Ils appellent d’ailleurs pour l’application de l’article 88 bis de la Constitution et la destitution du chef de l’État pour des raisons de santé.

La CNLTD conçoit une transition en deux étapes. D’abord, la déclaration par le Conseil constitutionnel de la vacance du pouvoir, qui permettra dans un second temps l’organisation d’élections présidentielles anticipées. La question essentielle à laquelle Ali Benflis,  le MSP, le RCD et les autres membres de la CNLTD, n’ont pas encore répondu, est : comment comptent-ils imposer ce changement ? En clair : comment obliger le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci ; un fidèle de Bouteflika, de déclarer la vacance du pouvoir ? Les partis, comme le  MSP,   El Islah et Ennahda, tous membres de la Coordination, n’étaient même pas capables de reprendre leurs sièges au bureau de l’APN et dans différentes commissions à l’occasion du dernier renouvellement des instances de la Chambre basse du Parlement. Dans ce cas, comment peuvent-ils réellement imposer un changement au sommet de l’État sans l’appui du pouvoir ?

Transition avec le pouvoir

La deuxième tendance est représentée par le FFS qui est moins radical dans ses positions. Dans une interview au site Alhadath-dz.com, son Premier secrétaire Mohamed Nebbou affirmait : « De nombreux chercheurs et spécialistes en politique ont démontré que le changement ne peut pas se faire loin du pouvoir. Le FFS a donc adopté ce principe ». Mais là aussi la démarche du FFS reste ambiguë. Le parti n’a pas, à ce jour expliqué comment compte-t-il faire pour amener le pouvoir à la table de négociation. Et pour quel projet ?

L’ANP sollicitée

La troisième tendance est défendue par Mouloud Hamrouche. L’ancien chef du gouvernement pense qu’il ne peut y avoir de transition sans l’armée. Mais l’ANP refuse, du moins dans les communiqués diffusés, d’être impliquée dans le jeu politique. Hamrouche, qui s’était montré favorable à la démarche de la CNLTD, semble prendre ses distances et contrairement à Ali Benflis, il ne veut plus s’afficher avec la Coordination.

La transition version FLN

Face à une opposition divisée, l’initiative est laissée au FLN. Ce parti au pouvoir n’a certes jamais appelé à une transition politique, mais il se trouve que paradoxalement il est le seul à faire des propositions concrètes sur ce qui peut être considéré en réalité comme une transition : instauration d’un État civil, la séparation des pouvoirs, une presse libre, la restructuration du DRS, un gouvernement issu de la majorité… Des propositions qui peuvent être considérées comme une réponse à cette transition tant souhaitée par l’opposition. Mais cette transition version FLN ne fait pas l’unanimité au sein du pouvoir puisque des partis, comme le RND et le MPA de Amara Benyounes, ne partagent pas les propositions de l’ex-parti unique.


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