Doit-on s’attendre à d’autres actes terroristes de Daesh en Algérie ?

Djallil Lounnas

Djallil Lounnas est chercheur algérien au Centre des études sur la paix et la sécurité internationale (CEPSI) de l’université de Montréal. Ses recherches concernent notamment Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel. Il est également professeur-assistant à Al Akhawayn University au Maroc.

Le groupe qui a kidnappé le ressortissant français a prêté allégeance à Daech après avoir quitté Aqmi…

Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est en perte de vitesse depuis plusieurs années. On peut penser que certains membres leaders d’Aqmi ont dû estimer pouvoir remobiliser les troupes et relancer le djihad en se plaçant dans la logique de Daech. Actuellement, c’est cette organisation qui défie les États-Unis, l’Europe et toute la communauté internationale. Mais cette allégeance à Daech révèle aussi une guerre de leadership et des divisions profondes au sein d’Aqmi. La Kabylie est le fief de Droukdal et ce dernier a renouvelé, il y a quelques semaines, son allégeance à Al Qaïda.

Que signifie concrètement de se réclamer de Daech ?

Sur le plan théorique, cela veut dire qu’ils intègrent l’organisation et subordonnent leurs objectifs à ceux de cette même organisation et qu’ils reconnaissent son autorité. Sur le plan pratique et financier, ces filiales activant en Algérie restent totalement indépendantes. Il s’agit juste d’un nouveau nom pour une nouvelle organisation. Aqmi était indépendante d’Al Qaïda.

Daech pourrait-il s’implanter en Algérie ?

Actuellement, je ne crois pas. Cela étant dit, tout dépend des combattants algériens qui se trouvent en Syrie s’ils reviennent en Algérie.

Doit-on s’attendre à d’autres actes terroristes ?

Les groupes qui agissent en Algérie sont issus d’Aqmi. Leur puissance reste relativement faible et leur pouvoir d’action réduit. Cela ne veut pas dire qu’ils ne pourraient pas mener des actions ponctuelles, mais spectaculaires. Il faut se rappeler l’opération menée en avril contre les militaires. Et effectivement, il faut s’attendre à d’autres actions. Surtout en ce moment car, un nouveau groupe (terroriste) vient d’être créé et il a besoin de multiplier les actions.

Est-ce que le touriste a encore des chances de s’en sortir ?

Deux problèmes se posent. Le premier est que la revendication n’est pas financière mais politique. Au cours de ces dernières années, Aqmi, lors des prises d’otages, avait une revendication d’ordre financier et elle ne tuait pas les otages. Mais là, la demande est d’ordre politique. Ils demandent à la France de cesser les bombardements sur la Syrie et l’Irak. Le deuxième problème est quand ces groupes intègrent une organisation, ils reproduisent ces mêmes schémas. C’est ce qu’a fait Aqmi en 2007 à travers les attentats suicides. Daech est une organisation qui tue les otages.


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