Miloud Chorfi, un politique acquis au pouvoir pour diriger l’ouverture de l’audiovisuel

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La nomination de Miloud Chorfi à la tête de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel constitue une surprise pour bon nombre d’observateurs. Le député et cadre du RND a mis entre parenthèse et pendant plusieurs années sa vocation de journaliste pour se consacrer entièrement à sa carrière politique, d’où des questions sur l’intérêt de nommer un homme politique à la tête d’une autorité chargée de contrôler et superviser le travail des médias ? Pourquoi ne pas avoir opté pour un professionnel des médias ? Et quelle crédibilité donner à cette instance désormais dirigée par une personnalité acquise entièrement au pouvoir ?

Miloud Chorfi, ancien porte-parole et chef du groupe parlementaire du RND, est connu pour sa langue de bois. Une personnalité qui n’a pas toujours eu le contact facile avec la presse. Ses proches le définissent comme étant un « homme politiquement très discipliné ». « Il ne réagit jamais sans prendre préalablement l’avis de la direction du parti », précise un membre de son entourage.

Par ailleurs le nom de Chorfi a toujours été associé, dans les coulisses, au quotidien arabophone El Ajwaa et récemment à El Ajwaa TV. Le premier bénéficie de la publicité publique, octroyée par l’Anep dans des conditions opaques. Or l’article 64 de la loi sur l’audiovisuel stipule clairement que « le membre de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel ne peut détenir, directement ou indirectement, des intérêts dans une entreprise ayant pour objet une activité audiovisuelle, de cinéma, d’édition, de presse, de publicité ou de télécommunication ».

Au RND, plusieurs cadres ont confirmé à TSA le lien entre le directeur de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel et ces deux organes de presse. Cependant, Chorfi avait nié, à plusieurs reprises, cette relation. Il doit désormais apporter un démenti, remettre son mandat de député et quitter son parti. En effet, l’article 61 de la loi sur l’audiovisuel précise que « le mandat du membre de l’Autorité de régulation est incompatible avec tout mandat électif (…) ou responsabilité exécutive dans un parti ».

Demain, donc, Chorfi sera officiellement installé dans la perspective de mettre de l’ordre dans un secteur ouvert d’une manière anarchique. Cette ouverture a été promise par le pouvoir dans le cadre des réformes politiques initiées par le président Bouteflika. Mais il s’avère qu’à travers cette nomination, le pouvoir veut toujours garder une mainmise sur ce domaine stratégique. Au début de l’année, le gouvernement avait déjà affiché, via la loi sur l’audiovisuel, ses mauvaises intentions en limitant l’ouverture audiovisuel aux chaines thématiques.


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