Affaire de l’Algérien décédé lors de son expulsion : des témoignages qui démentent la thèse d’une mort naturelle

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L’affaire du ressortissant algérien, Abdelhak Goradia, décédé lors de son expulsion de France dans un fourgon de la police n’a pas encore révélé tous ses secrets.

Alors que l’information judiciaire est toujours en cours, quelques éléments apportés par une enquête du site français Médiapart viennent battre en brèche la thèse d’une mort naturelle. « Plusieurs proches de la victime, qui se sont rendus le 24/08 à l’Institut médicolégal de Paris (XIIe arrondissement), affirment avoir constaté des hématomes sur son visage », a rapporté le site Internet.

Abdelhak Goradia avait « un gros bleu au niveau du nez, un bleu sous l’œil gauche, des bosses et un creux au niveau du crâne », selon le témoignage de son neveu Houari Goradia. « Nous étions derrière une vitre et il avait un linceul jusqu’aux oreilles, qu’ils ont refusé de retirer », a affirmé la même source.

Dans un entretien accordé à TSA, la coordinatrice juridique de l’Association service social familial migrants (ASSFAM) avait indiqué : « (Abdelhak Goradia) était un homme qui, à notre sens, n’avait pas de problème de santé ». Aujourd’hui, la sœur et le frère de la victime comptent saisir la justice en se constituant partie civile, selon Houari Goradia.

Agé de 51 ans, l’homme a été placé, le 12 août, au Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes après sa sortie d’une maison d’arrêt où il était détenu pour escroqueries à la carte bancaire. Père d’un enfant né en France, Abdelhak Goradia « faisait l’objet d’un arrêté ministériel d’expulsion, notifié le 12 août, au motif d’une nécessité impérieuse pour la sécurité publique », précise Médiapart qui cite son avocat. Abdelhak Goradia a fait l’objet de deux tentatives d’expulsion auxquelles il s’était opposé. Jeudi 21 août, alors qu’il devait être expulsé dans la soirée, son nom ne figurait pas au tableau des départs du CRA, souligne le journal. Un ressortissant tunisien, Adnen Mouelhi, qui partageait la chambre de Goradia témoigne : « Ils lui ont dit qu’il avait une visite pour qu’il les suive ».

Le ressortissant algérien aurait été embarqué par cinq fonctionnaires de la compagnie de transferts d’escortes et de protection de la police (Cotep), selon Médiapart. « Comme il était assez virulent, les policiers de la Cotep se sont mis à quatre ou cinq pour l’entraver. Ils ont écarté une lame de rasoir. Ils ont protégé sa tête avec un casque de boxe et l’ont allongé dans le fourgon, entravé aux mains et aux pieds », explique Cédric Caste, un syndicaliste policier interrogé par le site. Ce dernier affirme que « ce n’est qu’à l’arrivée à l’unité d’éloignement de l’aéroport de Roissy, à 19h45, que les policiers se sont rendu compte qu’il était bleu ».

Les tentatives pour le réanimer n’ont finalement servi à rien. Abdelhak Goradia était mort. Son avocat n’a toujours pas eu accès au rapport d’autopsie. « Il n’est pas mort naturellement, mais s’est étouffé devant les policiers ou sous l’effet de leurs contraintes. Ce qui suppose des convulsions et une mort atroce ». « Comment peut-on ne pas porter secours à quelqu’un qui s’asphyxie ? », s’interroge l’avocat. « Quand quelqu’un qui entre en pleine forme dans un camion de police et qui en sort mort, on peut dire, effectivement, c’est suspect », avait lâché la coordinatrice juridique de l’AssFam.

 


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