Pourquoi obliger les médecins à déclarer les décès maternels ?

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Dr Bekkat-Berkani est président de l’Ordre national des médecins. Dans cet entretien, il revient sur l’arrêté ministériel publié au Journal officiel obligeant les médecins à déclarer les décès maternels, y compris ceux liés aux avortements.

Peut-on supposer que jusqu’à ce présent arrêté, il n’y avait pas de déclarations des décès maternels ?

Concernant les déclarations, vous avez deux types de catégories. Dans le secteur public, la femme qui part accoucher à la maternité d’un hôpital est automatiquement prise en compte dans les statistiques. Le problème  se pose dans les cliniques privées quand il y a des accouchements. Ou lors des accouchements à domicile, les médecins privés ne sont pas tenus de faire de déclarations. C’est  donc une excellente mesure.

Quel est le nombre de décès maternels ?

Je ne suis pas accoucheur, mais je peux vous dire qu’ils sont encore significativement assez hauts par rapport aux pays qui sont dans les mêmes conditions sanitaires que nous, comme la Tunisie et le Maroc.

Comment peut-on rendre obligatoire la déclaration des décès maternels survenus lors d’accouchements à domicile ?

Le  ministère de la Santé devrait mettre à disposition des familles les formulaires de déclarations des décès. Il faudrait tenir à jour ces déclarations en fonctions du registre d’accouchements. Et  essayer de mettre à jour exactement en temps réel la statistique. Cela permettrait de connaitre la portée de la politique maternelle qui est actuellement engagée pour essayer d’améliorer les conditions d’accouchement et réduire le taux de mortalité lors des accouchements.

Les médecins sont obligés de déclarer les décès liés aux avortements. Cela concerne-t-il tous les avortements ?

Je ne saurai vous dire. La loi n’autorise l’avortement qu’en cas de danger pour la santé de la mère. Cela veut dire que lorsqu’il y a une maladie qui ne permet pas d’aller au terme de la grossesse, on autorise l’avortement. Mais nous estimons que c’est un article qui est à repositionner. Nous avons les moyens actuellement de faire des examens  prénataux qui permettent de déterminer des malformations fœtales graves qui ne sont pas compatibles avec la vie, ou alors qui sont compatibles avec une vie complètement dépendante. Par conséquent, la loi pourrait laisser le choix au couple de faire un avortement thérapeutique dans ce cas-là. Sans ouvrir la voie à l’avortement libre, il s’agirait de cas  d’enfants qui peuvent naitre très handicapés et dont le couple sera frappé d’une double peine dans la mesure où il aura un enfant très mal formé et pas viable.


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