Le bloc-notes de Ghani Gedoui

À l’algérienne

S’il y a une leçon à tirer du match Algérie-Corée, c’est la suivante : le joueur algérien est un pur-sang qui a besoin de courir, selon les qualités de sa race. On le bride et il devient un canasson. La meilleure preuve nous a été fournie par l’équipe qui a fait des chinoiseries aux Coréens. Elle les a bouffés avec un jeu à l’algérienne tout en déviation, en vitesse et en dribbles. Non, nous ne sommes pas les meilleurs au monde. Mais si on joue comme on sait et comme on aime jouer, on fera le spectacle. On ne gagnera pas à chaque fois. Mais on gagnera les cœurs.

Et s’il y a un joueur qui symbolise les qualités algériennes, c’est bien Brahimi. Comment Vahid a-t-il pu se passer de lui ? Mystère. Il est de la race des grands. Quelle touche de balle et quel art du contre-pied !  Tout d’un grand capable d’emmener l’Algérie loin, à faire trinquer les Russes. De toutes les façons, ils aiment ça : boire ! J’ai dit qu’il y avait un joueur, en fait il y en a deux en plus : Djabou et Feghouli. Vifs, rapides, un art consommé de la feinte, ils forment un redoutable trio avec Brahimi.

Comment l’impétueux Vahid n’a vu que du feu en ne les titularisant pas ensemble d’emblée ? Mystère. Il doit avoir des raisons que notre pauvre raison ignore. Ou bien c’est un génie. Ou bien c’est un fou. Tant qu’il gagnera il sera un génie. Mais si le vent tourne, il deviendra pire qu’un fou : un looser, un mauvais entraîneur. Mais ne boudons pas notre plaisir. Cette équipe qui gagne, cette équipe qui donne la joie à tout un peuple qui mérite tous les éloges. Qu’est-ce que j’entends ? Qu’elle n’est pas représentative du foot algérien, mais plutôt du foot français ? Chut, taisons-nous. Ne gâchons pas la fête. Nos gars ont du sang algérien. Et tout le reste importe peu.

FLN, les guerres intestines

On se bagarre sans peur du ridicule pour la possession d’un parti qui aurait dû faire partie de notre musée des gloires. On l’a laissé depuis 50 ans faire l’épouvantail quand on ne l’épouvante pas lui-même. Octobre 88 n’a-t-il pas chargé le FLN de tous les maux ? Avec l’émergence des autres partis, on pensait qu’il allait être atomisé. Et puis le voilà renaissant de ses cendres à la faveur de l’interruption – souhaitée – du processus électoral en janvier 1992, notre Automne arabe. Aujourd’hui, toujours première force politique dans notre pays, il suscite bien des convoitises.

Belayat qui roule pour Belkhadem veut déloger Saâdani parce qu’il sait que celui qui tiendra le parti aura son mot à dire pour la présidentielle de 2019. S’il n’est pas candidat, il sera un faiseur de rois. Mais dans une course sans Bouteflika, Belkadem ne roulera pour personne d’autre que lui-même. La seule fidélité qu’il reconnaît est celle qu’il doit, de son point de vue, à son talent et son expérience. Saâdani, lui, est dans une autre perspective. Aucune ambition que celle de maintenir le FLN en ordre de bataille derrière le Président. Il sait, d’expérience, que sans figure charismatique, celle de Bouteflika en l’occurrence, le FLN explosera en mille morceaux entre lui, Belkhadem, Benflis et d’autres candidats encore dans l’ombre, affûtant leurs armes.

Ben…Qui ?

Ben…Qui ? Devinez. Benkirane, mes bons amis. Vous ne connaissez pas ? Ce n’est pas grave. C’est un sujet de Mohamed VI qui peut faire de lui ce qu’il veut. Il le reçoit en audience après quelques heures d’attente. Il a beau être le premier des ministres, il restera toujours un sujet dont le verbe est toujours : je suis soumis. Soumis à quoi ? À la volonté royale. Et bien ce fidèle serviteur s’est laissé à parler de l’Algérie. En deux mots, il dit que si la frontière est fermée, c’est parce que l’État algérien ne veut pas montrer le paradis marocain aux Algériens de peur qu’ils ne fuient en masse leur pays pour les verts pâturages marocains, là où la zetla est garantie, presque un rite national, là où la pédophilie est devenue, à Marrakech, un produit d’appel touristique, là où à chaque mètre il y a un mendiant et quand il n’y a pas de mendiants, il y a un flic qui bastonne un manifestant.

Voici, résumé en deux mots, le beau modèle marocain. Que les frontières restent fermées pour que des centaines de millions de dollars d’Algériens n’aillent pas renflouer les caisses du paradis marocain. Un paradis pour le Makhzen. Pour le reste, c’est pire que l’enfer. Y a-t-il pire que l’enfer ? À Benkirane le dévot de répondre. Il dira : l’Algérie. Parce que « l’enfer, c’est les autres ».


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