La conférence pour la transition : une révolution politique pour des questions en suspens

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C’est assurément une grande première et un signe d’espoir. Toutes les forces d’opposition se sont réunies, mardi 10 juin, à l’ouest d’Alger. Leur seule présence, rassemblées, est déjà une victoire démocratique. Dans l’Algérie telle qu’elle va, il s’agit même d’une révolution. Toutes les grandes tendances politiques qui s’étaient, jadis, affrontées avec parfois beaucoup de violence ont accepté de s’entendre pour s’écouter et partager les doutes et les espoirs d’une transition réellement démocratique. Voir tous ces leaders politiques autour d’une même estrade est une chose inédite en Algérie. À la manière de l’exemple tunisien. Pourtant, il ne faudrait pas que la conférence de Zéralda reste comme un simple beau souvenir. Tout reste à faire. Dès à présent. Et les questions ne manquent pas !

Comment agir pour que Zéralda soit vraiment l’an 1 de la démocratie à l’algérienne et non pas simplement un espoir tué dans l’œuf comme l’Algérie en a tant connu depuis 1962 ? Comment éviter les divisions et les querelles de leadership mortifères ? Plus encore, comment faire pour que le peuple algérien puisse adhérer à cette dynamique qui vient de naître ? Là encore, comment mobiliser la population algérienne désabusée à l’égard du champ politique ? Il faut assurément que la conférence de Zéralda soit accompagnée d’une vraie dynamique de terrain.

Enfin, il s’agira pour chacun de faire preuve de responsabilité pour éviter les manipulations auxquelles sont habitués le DRS et les services spéciaux quand il s’agit de saboter les initiatives de l’opposition.

Un seul absent, et de taille, dans cette dynamique, puisqu’il est aujourd’hui le seul adversaire désigné ; c’est le pouvoir en place. Ce pouvoir a toujours tergiversé et misé sur les divisions de l’opposition pour éviter d’avoir à prendre part à des initiatives importantes. Pour la première fois, l’opposition est unie. Gageons qu’une fois encore le pouvoir tentera de jouer la montre, de pourrir la situation, de monter les uns contre les autres alors qu’il s’agit là de circonstances à la hauteur de l’Histoire.

Ainsi, une dernière question majeure reste en suspens : comment amener le pouvoir à s’asseoir à la table des discussions, non pas comme arbitre tutélaire mais bien en tant que partie prenante, à l’instar de toutes les forces politiques rassemblées ? Ce pouvoir a-t-il en son sein des énergies clairvoyantes pour ce faire ou bien simplement des hommes liges d’une idéologie et d’une pratique d’un autre temps ? La conférence de Zéralda attend que des hommes d’État se lèvent.


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