« La France FN ». Le titre qui barre la une du journal Libération, ce lundi matin, résume bien la situation : sans complexe, les Français ont massivement voté, hier dimanche, pour le Front national (FN), le parti d’extrême droite, ouvertement raciste et surtout islamophobe. Le FN a obtenu plus de 25% des voix aux élections européennes, un score historique pour ce parti dont la montée en puissance ne s’est jamais démentie depuis plus de 12 ans.
Le Parti socialiste (PS) de François Hollande, au pouvoir depuis deux ans, a été lourdement sanctionné, avec moins de 14% des suffrages, son plus mauvais score dans une élection européenne. L’UMP (opposition de droite) obtient 20% des voix.
Habituellement, le FN profite de l’abstention des électeurs. Mais cette fois, ce facteur ne peut pas être mis en avant pour expliquer la victoire de l’extrême droite. Le taux de participation est de 43,15%, en hausse de 2 points par rapport au précédent scrutin, il y a cinq ans.
Comment expliquer cette victoire ? Il y a, certes, la crise économique qui touche de plein fouet la France. Les Français reprochent au gouvernement socialiste de François Hollande de ne pas agir efficacement pour la contrer. Ces deux dernières années, le chômage a fortement progressé et les impôts ont été augmentés affaiblissant considérablement le pouvoir d’achat des couches populaires. En votant massivement en faveur du FN, une partie des électeurs français a donc cherché à sanctionner le gouvernement socialiste.
Mais vu le score élevé, ce résultat ne peut être considéré comme uniquement un vote sanction. « C’est la combinaison d’une abstention élevée et d’une mobilisation forte de son électorat (…) Pour le FN, la situation est idéale : il surfe sur le vote anti-immigrés, populiste, hostile aux élites… », analyse, dans Libération, Joël Gombin, politologue, spécialiste du FN. « Si le FN est capable de mobiliser, c’est qu’il se constitue un socle. Ce n’est pas négligeable pour 2017 (date de la prochaine présidentielle française) (…) Il y a risque de trouver le FN au second tour, voire premier au premier tour », ajoute le politologue français.
Le FN a peut-être aussi profité d’une certaine banalisation en France du discours anti-immigrés et surtout islamophobe. Ces dernières années ont été marquées par la multiplication des dérapages publics qui ont visé les musulmans. Des dérapages qui n’ont jamais été clairement condamnés par la classe politique, contribuant à banaliser le discours et les idées du Front national.
