Vu de Paris : vivement le 18 avril !

Demain, à quoi ressemblera l’Algérie ? Quels visages représenteront cette puissance régionale redevenue l’interlocuteur respecté de ses voisins et des grandes puissances ? Bien entendu, Abdelaziz Bouteflika devrait, aujourd’hui, bénéficier du vote de ses clientèles traditionnelles et d’un appui populaire que ses adversaires ne peuvent revendiquer. Mais cela ne suffira pas à créer une dynamique. Et pour cause. Le vieil homme ne saurait, au crépuscule de sa vie politique, moderniser faute de l’avoir fait plus tôt.

De son côté, Ali Benflis, a déjà prévenu : « Si la fraude gagne, si je ne suis pas élu et qu’il n’y a pas de second tour, je ne reconnaîtrai pas ces élections programmées », a-t-il lancé dans les colonnes du quotidien français Le Monde. Ainsi ce scrutin risque-t-il d’être contesté dès ses résultats proclamés. Mais dans quelles proportions et jusqu’à quel point ? Il faut dire que tout a été organisé pour qu’un sacre vienne remplacer cette élection. Aucun second tour n’a même été envisagé par les organisateurs du scrutin comme si toute la question était de savoir combien de votants allaient être alloués au Président-candidat et quelles miettes seraient attribuées à ses adversaires.

Personne n’est dupe. Les observateurs à Alger, à Paris et à Washington ne parient pas une seule pièce sur la légalité d’un scrutin dont l’Union européenne a pu écrire que les ajustements demandés depuis les dernières élections législatives n’ont pas été faits. Est-il possible d’espérer que, pour une fois, les élections algériennes ne soient pas des élections à l’Algérienne ? Peu probable.

Que pourra, alors, nous dire le taux d’abstention d’aujourd’hui -si tant est qu’il soit bien réel et que la participation ne soit pas artificiellement gonflée-, sinon le signe du désintérêt porté au système politique qui dirige le pays, désintérêt à l’égard de ces pouvoirs qui chacun détient un pan du pouvoir ?

Dans ce pays où la jeunesse est sous perfusion pour éviter de provoquer le chaos, tout a déjà été dit sur ce 17 avril 2014 surréaliste, où même les images du Président-candidat votant auront été fabriquées pour les besoins de la cause. Il s’agit, bel et bien, d’une élection en trompe-l’œil tant les vrais enjeux ont été absents de la campagne du Président-candidat.

Rien n’a été porté par ses partisans de la nécessaire et urgente modernisation du pays dès le 18 avril et ce, au-delà de la juste utilisation de la rente pétrolière. Déjà, les proches du Président auront eu sous les yeux les diagnostics des experts économiques et financiers pour réellement préparer l’avenir du pays et non plus simplement gérer la rente de façon clientéliste. Il est temps que les acteurs du pouvoir politique se saisissent de ces premières semaines post-électorales pour faire oublier le temps perdu. La jeunesse d’Algérie l’exige en silence. Pour l’instant.


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