La présidentielle algérienne vue d’ailleurs

Les Algériens voteront demain pour élire leur président de la République. À l’étranger, les médias suivent de près ce scrutin inédit. « Élection présidentielle en Algérie : que se passera-t-il après le 17 avril ? Peur, rue, colère ou impasse… », titre Le Huffington Post. « À quelques heures de l’élection présidentielle en Algérie, les questions demeurent malgré le fait que le vainqueur semble connu d’avance. Abdelaziz Bouteflika va-t-il comme prévu rempiler pour un quatrième mandat après une campagne fantôme ? Ali Benflis va-t-il réussir un coup à la sénégalaise où le vieux Abdoulaye Wade a été poussé vers la sortie par les urnes ? », s’interroge le journal. « Deux scénarios pour une élection qui ne résoudra pas la crise du régime. L’Algérie est dans la rue de l’impasse. En quête d’un consensus tunisien sans la case révolte », écrit-il.

« Mohamed Mediène, l’homme le plus mystérieux d’Algérie », titre le magazine français Le Point. « Celui que toute l’Algérie appelle Toufik et craint est le grand patron du renseignement. Il joue au chat et à la souris avec Bouteflika depuis 15 ans », écrit-il. Le magazine évoque le rôle des services de renseignements dans la politique algérienne, et qualifie, même, le général Toufik d’un «  animal à sang froid ». « Décidément, la réputation d’opacité du système politique algérien n’est pas usurpée. Non seulement les Algériens vont élire demain à la présidence un candidat invisible – certes pour des raisons de santé -, mais ils vivent aussi depuis l’indépendance sous la tutelle pesante de services de renseignements dont ils ne connaissent pas le responsable, ignorent tout, y compris le visage », juge-t-il.

« Le président algérien malade peut-il briguer un 4e mandat ? », s’interroge  la chaine britannique BBC News, sur son site web. « Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui n’a guère été vu en public depuis son accident vasculaire il y a un an, veut obtenir un quatrième mandat lors des élections de cette semaine », relève-t-elle. « Au pouvoir depuis 1999, il fait face à cinq autres candidats. Plusieurs groupes d’opposition ont appelé au boycott, et des manifestations ont été organisées par des personnes qui estiment que M. Bouteflika est inapte à gouverner en raison de ses problèmes de santé », ajoute-t-elle.

Le quotidien français Le Parisien titre : « Bouteflika invisible mais favori ». « À la veille de l’élection présidentielle, le président sortant, âgé et malade, reste favori. Mais son rival, Ali Benflis, veut encore croire en ses chances », estime-t-il. « On ne l’aura pas vu de toute la campagne. Et, pourtant, il est bien là, dans les rues d’Alger, sur de grandes affiches électorales, le visage souriant et la moustache triomphante », observe Le Parisien.

« L’Algérie, le passé sanguinaire et la richesse énergétique, maintiennent le statu quo » est le titre d’un article sur la présidentielle algérienne paru dans le quotidien américain Orlando Sentinel, qui estime que « le conflit algérien, où les extrémistes islamistes massacrèrent plus de 200 000 personnes, reste un profond traumatisme pour beaucoup d’Algériens, à tel point que, même une décennie plus tard, cette mémoire reste assez fraiche pour garder la crainte et  l’incertitude ».

« Ce qui arrivera après le 17 Avril sera observé de près par les gouvernements occidentaux, qui voient en l’Algérie, un partenaire  dans leur lutte contre les groupes islamistes armés au Maghreb », ajoute Orlando Sentinel, qui rappelle que « l’Algérie fournit un cinquième des importations de l’Europe en Gaz, […] d’autant plus qu’aujourd’hui, la crise ukrainienne menace l’approvisionnement en gaz russe ».

« Algérie : la transition de la transition », titre le quotidien espagnol El Pais. « L’Algérie est décrite dans les milieux diplomatiques, comme “le sujet en suspens” du monde occidental, qui ne la voit ni plus ni moins antidémocratique que le reste des pays arabes. Ni elle suscite des critiques, ni elle ne rassemble des défenseurs », rapporte El Pais. Le quotidien espagnol juge que « l’Algérie possède un système autoritaire qui tolère les partis et les élections, et où le  pluralisme ne sert que d’ornement. À l’instar des élections de 2004 et 2009, où les opposants étaient présents juste pour la figuration ». « Une première transition, notamment pré-démocratique, serait non seulement positive pour les Algériens, mais encore pour l’Europe », estime-t-il.

 


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