La chronique de Hafid Derradji : je suis optimiste pour ma patrie !

Dans ma chronique de la semaine dernière et intitulée « l’Algérie, après le 17 Avril », j’avais pronostiqué que Bouteflika restera le président virtuel de l’Algérie et gouvernera par procuration pour ceux qui l’ont poussé à briguer un mandat, en dépit de son empêchement dû à sa santé.  Un de mes amis d’Alger m’a contacté pour me reprocher le ton pessimiste décelé dans ma chronique, m’invitant à être un peu plus optimiste à l’avenir, car le changement – selon lui –  n’attend pas le 17 avril pour se produire. Il pense également que le peuple a besoin d’encouragement pour se rendre aux urnes et réaliser le changement, qui n’adviendra pas sans la participation de tous les Algériens au choix de leur prochain président !

Ma réponse à cet ami, et à tous ceux qui doutent des positions de ceux qui s’opposent à leurs visions, est que je suis parmi les plus optimistes quant à un avenir radieux pour notre pays; quelle que soit la durée de l’injustice et de l’oppression. Je ne fais pas partie de ceux qui prônent la vacance du siège, ni de ceux qui appellent le peuple à se défaire de ses droits et obligations. Pourtant, je n’ai pas une position qui me permet d’appeler les Algériens à la participation ou au boycott à travers cette tribune.

Je ne suis qu’un simple citoyen n’ayant aucune couleur politique ou appartenance partisane. Mes écrits sont sincères. Ils n’ont jamais été compromis par une quelconque hypocrisie politique. Je ne suis qu’un citoyen ordinaire qui va exprimer sa voix le 17 Avril, en obéissant à sa conscience à l’égard de l’Algérie, et convaincu que le changement ne s’opère qu’avec la participation aux élections et l’expression libre et pacifique des positions et opinions. Je ne possède ni la volonté ni la possibilité d’orienter le peuple ou le faire taire, ou d’instiguer pour ou contre une quelconque partie.

Mais ce qui est sûr, c’est qu’en réalité, personne ne possède ces aptitudes parmi les opposants au quatrième mandat, en raison de la particularité du peuple algérien et de ses spécificités historiques, sociales, culturelles, qui en ont fait un peuple expérimenté sur tous les plans.

Si j’avais la capacité d’instigation du peuple, je l’aurais orienté vers l’augmentation du niveau d’amour pour son pays et vers plus d’attachement à celui-ci. Je l’aurais appelé à faire preuve davantage de patience et d’optimisme en son avenir, lequel doit augmenter sa confiance en soi, car tels sont les ingrédients essentiels au changement que nous escomptons. Nous escomptons un changement pacifique, calme, sans effusion de sang, sans haine ou rancune, sans destructions des acquis, sans exclusion des opposants; un changement ne portant pas préjudice aux hommes, aux institutions, ni aux générations à venir (que nous espérons voir grandir dans l’amour inconditionnel du pays et le respect mutuel).

J’ai également dit à mon ami que les plus grands pessimistes quant à l’avenir du pays sont ceux qui soutiennent le quatrième mandat. Ceux qui profitent des politiciens, des détenteurs d’intérêts et de l’argent, ceux qui ne cessent d’être à chaque fois plus agités et suspicieux.  Ces gens-là ont un regard noir sur l’avenir de l’Algérie, sans leur Président. Ce sont eux les plus pessimistes et les plus grands instigateurs de la violence de manières directe et indirecte, à travers les discours et les agissements qui incitent à la division ainsi que la classification des individus entre pro et anti-quatrième mandat.  Ce sont eux qui cherchent un président pour eux et pour leur pouvoir et non pas un président pour tous les Algériens. Ce sont eux qui croient que l’Algérie s’effondrera sans Bouteflika et qu’il n’y a pas d’hommes capables de gérer la Nation et de poursuivre la trajectoire.

Ces instigateurs sont ceux qui ont catalogué le mouvement Barakat, et tous ceux qui se sont opposés au quatrième mandat, dans la catégorie des agents au service des parties étrangères. Ceux qui se sont mis à railler nos enfants à Ouargla, Ghardaïa, Bejaïa et Batna.

Les instigateurs sont ceux qui ont dit que les jeunes de Bejaïa ont agressé des personnes et détruit les biens. Selon eux, ce ne sont pas les vrais habitants de Bejaïa et veulent leur ôter leur algérianité. Ces arguments sont pires que ces crimes qui consistent à essayer de faire  douter de leur nationalisme et minimiser l’importance du front du refus, lequel ne cesse de s’accroître parmi les Algériens, en proportion de la multiplication de leurs mensonges et  diffamations.

Ces instigateurs sont ceux qui ont accusé le Moudjahid et l’homme dévoué à son pays, Liamine Zeroual, d’être un dinosaure qui ne veut pas l’intérêt de la patrie, juste parce qu’il a exprimé son opinion et son appréhension sur l’avenir du pays ! Ces instigateurs avaient accusé au préalable Ait Ahmed et Mouloud Hamrouche. Ils ont appelé à douter de leur bonne foi et leur bienveillance.  Ces instigateurs sont les mêmes qui incarnent le régionalisme dans leurs discours et leurs agissements; en remontant les gens tantôt contre les enfants du Sud, tantôt contre les Kabyles ou les Chaouis.

Les pessimistes et les instigateurs sont ceux qui regardent Ghardaïa brûler sans endosser aucune responsabilité pour éteindre les flammes de la discorde qui la rongent. Au contraire, ils essayent  de profiter, de façon machiavélique, de ces événements pour effrayer le peuple et lui faire croire que ce qui s’y passe pourrait s’étendre dans tout le pays si le peuple ne renouvelle pas sa confiance à Bouteflika et à son groupe. Le  pouvoir possède les solutions pour éteindre les flammes qui rongent Ghardaïa, mais il préfère les utiliser comme moyen de pression en cas de nécessité.

Les instigateurs sont ceux qui n’imaginent pas une Algérie sans eux et refusent de vivre en dehors du pouvoir. Ce sont ceux qui ne dissocient pas le pouvoir de la patrie et croient qu’ils sont les tuteurs du peuple, plus nationalistes que ce dernier, et par conséquent, le poussent au suicide, à l’explosion ou à la mort au large des mers.

Je voudrais te dire également, cher ami, que la non-convergence avec ceux qui soutiennent le quatrième mandat ne signifie pas qu’on est en conflit avec l’État ou le système établi, ou même avec Bouteflika  précisément. Nous sommes tous fiers d’appartenir à ce pays, mais nous avons honte des agissements de l’entourage du Président. Nous sommes en désaccord avec ses pratiques et ses organisations qui réduisent l’Algérie, son avenir et sa stabilité dans l’ombre d’un seul homme, que l’on porte à la candidature pour en faire un président virtuel et derrière lequel ils se cacheront pour occulter la noirceur de leurs actes.

Je suis optimiste mon cher ami, car l’amour de la patrie est inhérent à la foi, et ma foi en ma patrie me pousse à ramer vers sa direction jusqu’au rivage. Mais j’ai envie de dire, à ceux qui nous tuent chaque jour pour assurer leur propre survie, que nous sommes désolés, que pour une seule chose : nous n’avons qu’une seule vie et nous allons la sacrifier pour la patrie !


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