Présidentielles du 17 avril : l’étrange campagne électorale prend fin

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La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril prend fin, ce dimanche 13 avril, à minuit. Durant trois semaines, six candidats ou leurs représentants ont investi le terrain avec un seul objectif : convaincre les Algériens de voter pour eux. Pour plusieurs raisons, la campagne de 2014 ne ressemble pas aux précédentes.

L’intervention, samedi 12 avril, du président Bouteflika devant le chef de la diplomatie espagnole constitue l’ultime preuve de cette spécificité. Devant les caméras, le candidat Bouteflika s’est plaint du comportement de son rival Ali Benflis, au cours d’une audience officielle censée traiter les affaires entre deux États souverains.

Au-delà de l’implication d’un étranger dans le débat interne, cette intervention du chef de l’État nous renvoie à une autre réalité : la crédibilité des deux commissions chargées de superviser et de surveiller l’élection présidentielle. Elles auraient dû être saisies, en premier, sur les dépassements et les violences supposées imputer au candidat Ali Benflis. Interrogé par TSA, Seddiki  Mohamed, membre de la Commission politique de surveillance de la présidentielle a d’ailleurs affirmé que son instance « n’a pas été saisie  par la direction de campagne du candidat Bouteflika sur des actes de violence qui auraient été commis par les partisans de Benflis ».

Ce qui a marqué aussi cette élection, c’est incontestablement l’absence,  pour la première fois dans l’histoire des élections en Algérie et peut-être même dans le monde, d’un candidat de la campagne électorale. Le Président a décidé de mandater ses partisans pour défendre son projet. La santé fragile, il n’a assisté à aucun meeting, y compris le dernier, tenu ce dimanche à la Coupole d’Alger. Depuis le début de la campagne, toutes ses apparitions s’inscrivaient dans le cadre de ses activités officielles en sa qualité de chef de l’État.

Dans ce contexte, la mission du staff de Bouteflika n’a pas été facile. Comment porter de manière crédible un candidat absent ? Ses partisans ont eu beaucoup de mal dans certaines wilayas. Abdelamlek Sellal a été obligé d’annuler son meeting à Batna pourtant  inscrit dans son programme électoral. Il a été empêché de tenir son meeting à Bejaïa. Plusieurs meetings animés par Ahmed Ouyahia, Amar Saâdani, Amar Ghoul, Amara Benyounes et Abdelkader Bensalah ont été chahutés et perturbés.

Ali Benflis, considéré comme le principal rival du Président, a réussi à mobiliser. Une vraie surprise, alors que la campagne ne semblait pas passionner les Algériens, convaincus que les jeux sont faits. Benflis a souvent animé ses meetings dans des salles archicombles. À khenchela, où il s’était rendu vendredi passé, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblés dans la rue pour écouter son discours. Cette mobilisation va-t-elle modifier la donne ? En tout cas, à quelques jours du scrutin, l’inquiétude monte sur de possibles tensions, comme l’a laissé entendre Saïd Sadi devant la mission de l’ONU qu’il a rencontrée à Alger.

Sur le plan des messages politiques, les observateurs auront retenu ce consensus qui s’est dégagé autour d’un projet de « transition politique » après le 17 avril. Bien évidemment, chacun lui a donné sa propre vision. D’autres slogans, notamment la paix et la stabilité, comme pour la transition, ont été différemment manipulés par les candidats. Pour les partisans du quatrième mandat,  Bouteflika consacrera la stabilité et renforcera la paix. Pour son rival, sa reconduction comporterait des risques d’explosion sociale.

À l’exception de quelques  activités, les boycotteurs n’ont pas, contrairement à ce qui a été attendu, réalisé une grande percée durant cette campagne. Désormais, à quelques jours du scrutin, les regards se tournent vers l’administration, les électeurs et surtout l’institution militaire.


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