Transition politique après la présidentielle : des idées en attendant des propositions concrètes

Après la présidentielle, c’est le second sujet qui agite la classe politique depuis quelques semaines. Plusieurs personnalités politiques de premier plan se sont prononcées en faveur d’une période de transition après la présidentielle du 17 avril, dont l’issue ne semble pas faire de doute à leurs yeux.

Parmi ceux qui ont formulé publiquement des propositions, deux ex-chefs de gouvernement des années 1990, Mouloud Hamrouche et Sid Ahmed Ghozali, ainsi que l’ancien président du RCD Saïd Sadi. Les trois personnalités sont favorables à l’idée d’un processus de transition après la présidentielle. Pour sa part, l’ex-président Liamine Zeroual, dans une lettre aux Algériens, avait estimé que le prochain quinquennat devrait être consacré à une transition politique. Même dans le camp présidentiel, la transition est à la mode, même si le mot n’est pas toujours prononcé. Abdelmalek Sellal a dit que Bouteflika voulait réserver son quatrième mandat à passer le flambeau aux jeunes.

Pourtant, l’idée séduisante de transition reste vague et de nombreuses questions restent sans réponses. Qui doit la mener ? Pendant combien de temps ? Que sera le rôle de l’armée ? Pour quel projet de société ? Et surtout : concrètement, comment cette période sera-t-elle mise en place et avec quelles garanties ?

Sur tous ces points, les principaux acteurs politiques divergent. Mercredi, dans un entretien à TSA, Sid Ahmed Ghozali a émis une idée précise sur qui doit mener le processus : « Seul un vrai président de la République jouissant de la légitimité populaire, avec une volonté et une ambition collective peut diriger et conduire à bon port une véritable transition ». Comprendre : le président qui sera élu le 17 avril n’est pas qualifié pour mener la transition. M. Ghozali estime, en effet, que les jeux sont faits et le président est déjà désigné, en dehors de la volonté populaire.

Pour cet ancien chef du gouvernement qui connaît bien le système, « le changement ne peut se faire sans l’armée, encore moins contre l’armée ». Mais il lance un avertissement aux militaires, qui détiennent, selon lui, une partie du pouvoir : « À force de verrouiller la vie politique, de brider toute initiative citoyenne qui ne plait pas au prince, c’est la pire des éventualités que l’on favorise : celle où des forces et intérêts extérieurs interviendraient pour imposer le changement malgré l’armée, voire contre l’armée. »

Une vision qui n’est pas éloignée de celle de Mouloud Hamrouche, un autre homme du système. L’ancien Premier ministre de Chadli ne propose pas de feuille de route précise, mais pense que la transition ne peut se faire en dehors de l’armée et des décideurs civils actuellement aux commandes. Il demande aux trois vrais décideurs, Bouteflika, Toufik et Gaïd Salah de s’entendre pour organiser la transition générationnelle. Au moins, le candidat à la présidentielle de 1999 est clair sur les personnes qui doivent mener cette transition vers un système démocratique; mais à aucun moment, il n’explique comment ce processus doit être mis en place.

Il est vrai qu’une transition suppose des départs et des évolutions dans les rapports de forces entre différentes institutions. Dévoiler une feuille de route précise, c’est prendre le risque de mécontenter des parties qui pourraient entraver la démarche.

Mais, si Ghozali et Hamrouche pensent que l’armée doit jouer un premier rôle dans la transition, l’idée n’est pas partagée par Saïd Sadi. L’ancien président du RCD formule des propositions plus précises que les deux anciens Premiers ministres, même s’il ne dévoile pas un plan détaillé pour la gestion de la transition. Pour lui, « la solution est en dehors du système ». « La transition, ce n’est pas une période qui doit être mise, encore une fois, sous l’autorité d’un régime qui est à l’origine de l’échec », a expliqué le Dr Said dans un entretien à TSA. Et le rôle que jouera l’armée ? Saïd Sadi est clair : « Il ne faut pas s’en remettre à l’armée aujourd’hui ».

Saïd Sadi plaide pour une transition à la tunisienne, avec l’élaboration d’une constituante. Les hommes du système pourraient y prendre part, mais sans privilèges particuliers. L’ancien président du RCD pense aussi que la solution est en dehors du système et que les jeunes doivent « assumer la responsabilité politique et assumer l’alternative ». Reste à savoir comment mettre en place cette idée dans un pays où tout le monde s’accroche au pouvoir.


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