La campagne électorale vue par trois grands médias français

Trois grands médias français mettent l’Algérie à la une, à une semaine de la présidentielle du 17 avril. Les envoyés spéciaux n’ont toujours pas obtenu de visas, mais cela ne les empêche pas de couvrir, depuis Paris, la situation.

C’est d’abord le quotidien Le Monde qui, dans un long article, décrit « l’Algérie en ébullition avant la présidentielle ». La journaliste en charge du Maghreb constate qu’à huit jours du scrutin, le climat « se tend ». « La contestation, vive sur les réseaux sociaux, se manifeste désormais aussi sur le terrain », constate-t-elle. La journaliste française recense les différents lieux, Bejaïa, Ghardaïa, mais aussi Paris où les porte-voix du Président-candidat ont été mis en difficulté.

La journaliste a assisté au meeting français d’Amara Benyounes. Elle cite l’envoyé d’Abdelaziz Bouteflika : « Laissez-les crier, ils ne sont, à chaque fois, pas plus de dix », s’est indigné à la tribune M. Benyounès. « C’est hallucinant et ahurissant, des démocrates qui appellent l’armée à faire un coup d’État contre un président démocratiquement élu. On a tout vu dans ce pays ! », a enchaîné le ministre.

Le quotidien français constate que l’argument de la stabilité due au maintien au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika « a, cependant, été retourné par les opposants au quatrième mandat qui dénoncent le facteur d’instabilité que constituerait, selon eux, la réélection d’un chef de l’État malade. « Il a tout sacrifié » à l’Algérie, a répliqué M. Sellal, « jusqu’à sa santé », avait-il déjà affirmé dans une autre réunion. « Pourquoi ne pas vouloir le faire roi ? » s’est-il écrié à Alger le 8 avril, rappelle Le Monde qui note qu’aucun observateur de l’Union européenne ne sera présent lors du scrutin du 17 avril.

Le Monde publie un second article consacré à l’élection envisagée sous l’angle des réseaux sociaux : « Bousculée par la vivacité des blogueurs et des internautes hostiles à un quatrième mandat du président sortant, l’équipe de campagne d’Abdelaziz Bouteflika n’a pas attendu pour se doter, elle aussi, de tous les outils de communication virtuelle. Un face-à-face inédit jusqu’ici en Algérie qui tourne souvent à l’épreuve pour les partisans du chef de l’État», analyse le quotidien français.

Ce jeudi, l’hebdomadaire Courrier International met, lui aussi, l’Algérie à la une avec un titre sans équivoque : « Algérie : Bouteflika, ça suffit ». Dans son éditorial, le directeur de l’hebdomadaire français note : « C’est un cri du cœur, celui d’une poignée de harraga (des migrants clandestins) qui ont choisi l’exil. Sur leur embarcation de fortune, ces jeunes Algériens ont tourné une vidéo avec un téléphone portable, qui circule aujourd’hui sur la Toile. « Ya Bouteflika, garde ton quatrième mandat et bye bye l’Algérie », s’exclame l’un d’entre eux.

« Il n’y a pas si longtemps, d’autres jeunes de pays voisins criaient “Dégage” à leur dictateur. De Moubarak à Ben Ali, certains de ces autocrates ont fini par dégager. Mais, à l’exception de la Tunisie, la démocratie n’a pas poussé sur les branches mortes des “Printemps arabes” et les Algériens s’en méfient. Certains préfèrent partir, d’autres descendent dans la rue en criant “Barakat”. Ceux-là n’en peuvent plus d’un système autoritaire où institutions politiques, instances militaires et rouages économiques ont fini par se confondre. À cet égard, l’élection présidentielle du 17 avril est une farce et Abdelaziz Bouteflika fait figure de marionnette entre les mains de ceux qui refusent de partager les rênes du pouvoir », écrit l’hebdomadaire.

BFMTV, la chaîne d’information en continu, se penche également aujourd’hui sur « le candidat invisible ». BFMTV interroge un des grands spécialistes de l’Algérie, Kader Abderrahim. « Il n’y a rien qui peut faire perdre aujourd’hui Bouteflika. Il bénéficie du soutien de l’appareil d’État, de l’administration partout dans tout le pays », fait valoir Kader Abderrahim, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques. « Imaginez, c’est un pays immense, c’est cinq fois la France. Il a les mairies, les sous-préfectures, les préfets qui ont été nommés par ses soins. Donc, il contrôle tous les rouages », poursuit-il. Les différentes manifestations dans tout le pays ne devraient donc rien changer au résultat du scrutin. Seul inconnu, le score avec lequel le président Bouteflika sera réélu » conclut BFMTV.


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