Une campagne électorale sans bain de foule et loin des quartiers populaires

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Après Sellal à Bejaïa, ce sont Amara Benyounes et Amar Ghoul qui ont dû rebrousser chemin et annuler leur réunion publique, hier à Batna et Barika. Le camp du candidat Bouteflika est le premier visé par ces manifestations autour des meetings. Mais depuis aujourd’hui, il est rejoint par Ali Benflis, dont un proche a été empêché de prendre la parole à Bouira. Ce dernier n’a pas été victime des opposants au quatrième mandat ni de « Barakat ! » mais bien par des militants hostiles au déroulement du scrutin. Benflis est, lui aussi, atteint par ces mouvements populaires qui expriment leur mécontentement en perturbant les meetings.

Il faut le souligner, cette compétition est assurément particulière. On l’a dit et répété, d’abord quant à l’absence surréaliste du premier des candidats, mais également par d’autres aspects qui jettent une lumière crue sur une campagne déjà entachée. Ainsi, aucun candidat ou porte-parole du président en campagne ne se hasarde à prendre, comme par le passé, ces bains de foule qui permettaient à la volonté populaire de communier avec les leaders politiques. Ce sont, au contraire, dans des salles ultra sécurisées que se tiennent les réunions publiques et bien souvent dans des espaces loin d’être remplis. Un peu comme si les Algériens souhaitaient ne pas prendre part à cette élection que la plupart des observateurs s’accordent à qualifier de mascarade. Il n’y a bien qu’Ali Benflis et ses 60 000 contrôleurs du 17 avril chargés d’éviter la fraude qui se font des illusions quant à l’issue de cette élection.

Dès lors, même les petits candidats évitent également la foule un peu comme si dans cette campagne, seuls comptaient les médias et l’image que l’on donne de soi. Côté Bouteflika, les salles peinent à dégager un enthousiasme communicatif. Les militants des partis favorables à Bouteflika vont au meeting comme ils vont au boulot. Sans y mettre de cœur. Côté Benflis, les partisans sont plus mobilisés, mais pas au-delà de ses fans initiaux et avec une difficulté à entrainer la population derrière lui.

Il n’y a qu’à se promener dans les rues d’Alger-centre pour constater le manque d’enthousiasme. De nombreux panneaux électoraux demeurent vides de toute affiche de certains candidats, et, pire encore, aucun tract n’est distribué. En réalité, personne ne joue réellement le jeu. Il n’y a que les candidats et quelques proches qui sont réellement investis mais, l’adrénaline propre à chaque campagne électorale est inexistante.

Finalement, il n’y a que les opposants au 4e mandat et ceux qui appellent au boycott qui se font entendre. C’est là un signe de radicalisation à surveiller. Pour l’après 17 avril également, car rien ne dit que leur mobilisation s’arrêtera. Il faut plutôt s’habituer à penser que les oppositions de rue risquent de perdurer. Il est encore trop tôt pour le savoir, mais assurément cette campagne ne passionne pas les foules.


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