Vu de Paris : Manuel Valls face à la crise, Ali Benflis face à un système en crise

Après les résultats calamiteux du second tour des élections municipales en France, défaite historique pour le Parti socialiste, François Hollande a choisi, contraint et forcé, de nommer Manuel Valls, son ministre de l’Intérieur, comme Premier ministre. Manuel Valls représente la dernière chance pour François Hollande de retrouver une popularité alignée sur des chiffres du chômage à un niveau jamais atteint.

François Hollande le sait : s’il veut pouvoir espérer figurer au second tour de l’élection présidentielle en 2017, il lui faut rebondir dès à présent grâce à un professionnalisme qui lui a jusque-là fait défaut dans son animation gouvernementale.

À cet effet, Valls est peut-être bien le meilleur à gauche. Professionnel des médias et de la communication, il sait, à l’heure des chaines d’information en continu, doser ses apparitions et sa parole comme savait si bien le faire Nicolas Sarkozy et comme n’arrive toujours pas à l’intégrer l’actuel président français.

Valls a été, de 1997 à 2000, le conseiller spécial de l’ancien Premier ministre Lionel Jospin durant la cohabitation avec Jacques Chirac (1987-2002). Trois années au cours desquelles il a mis en musique la communication gouvernementale et fait jouer une partition harmonieuse entre les ténors du gouvernement. À présent, c’est lui qui dirige l’orchestre. Il pourra s’appuyer sur de jeunes ténors comme Arnaud Montebourg à l’économie et Benoit Hamon, ancien syndicaliste étudiant, nommé ministre de l’Éducation. Les deux hommes incarnent l’aile gauche du gouvernement et leur promotion à des postes d’importance sont aussi le signe que le président français et son Premier ministre veulent compter sur leurs qualités de débatteurs, habiles à ferrailler contre l’opposition. Le retour au gouvernement de Ségolène Royal, la mère des quatre enfants de François Hollande, achève de faire de cette équipe de 16 ministres une formation de « combat » selon les vœux du président français.

Il faut dire que la réponse à l’exaspération populaire devra impérativement s’inscrire dans la durée, tant le fossé s’est creusé entre les Français et leurs équipes dirigeantes. Manuel Valls qui a été longtemps maire d’une commune de banlieue difficile sait combien les classes populaires ont abandonné le Parti socialiste et souffrent des affres de la crise. Le Front national, parti d’extrême droite, prospère sur ce terreau fétide et déjà Marine Le Pen se prépare à devancer le Parti socialiste aux élections européennes qui auront lieu en mai prochain, pour revendiquer le titre de deuxième parti de France derrière l’UMP, le parti d’opposition. Cela serait désastreux pour l’image de la France et celle du président Hollande.

Il n’y a pas qu’en Algérie que l’image du président est abimée. En France, les présidents se succèdent et l’impopularité demeure. Toujours plus forte. Cela devrait rassurer les soutiens d’Abdelaziz Bouteflika. Il faut dire que si son élection ne fait guère de doute, son concurrent Ali Benflis mène une campagne qu’il faut saluer. Les propos de son interview dans TSA démontrent assurément une modernité et une réflexion jusque-là inconnues sur la scène politique de cette campagne électorale.

Ali Benflis fait réellement campagne avec des thèmes innovants. À Paris, on observe en silence cette opposition à Abdelaziz Bouteflika en se disant que pour la première fois depuis longtemps un homme politique algérien semble avoir mis des mots sur des constats globaux partagés par tous. Ali Benflis, en ce sens, fait une campagne électorale qui honore la démocratie algérienne. Même si cela risque de ne trouver que très peu d’écho dans les urnes le 17 avril. Assurément, il porte une parole forte dans un système en crise. Il n’y a que les partisans d’Abdelaziz Bouteflika pour ne pas vouloir le reconnaitre.

 


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