Louiza Hanoune, la patronne du Parti des Travailleurs, n’aime pas les Islamistes et encore moins le candidat Ali Benflis et elle ne le cache pas. Depuis le début de la campagne électorale dimanche dernier, la candidate à la présidentielle du 17 avril ne rate aucune occasion pour les attaquer. Et pourtant, ni la mouvance islamiste, ni l’ancien chef du gouvernement, ne constituent à priori un frein ni une menace pour la candidate trotskiste. Mieux, ni l’un ni l’autre n’avaient provoqué publiquement « la femme de fer » qui dégaine et tire sans sommation. Qu’est-ce qui motive alors la démarche de Hanoune ?
Scénario ukrainien
Première remarque, la candidate s’attaque frontalement à deux adversaires du Président-candidat qui ont, chacun à sa manière, dit non au chef de l’État. Benflis en prenant part à la course pour la présidentielle et les Islamistes en optant pour le boycott.
Dans une course, n’est-il pas vrai que l’adversaire est censé être le favori de la compétition ? Pourquoi Hanoune préfère-t-elle s’attaquer aux lièvres et aux boycotteurs, tout en épargnant le favori ? D’abord, l’inamovible patronne du PT a d’abord reproché à Benflis sa volonté de la faire rallier dans le cadre d’un front contre le Président-candidat, ce que le concerné a formellement démenti. D’Annaba, où elle avait animé son premier meeting électoral, elle avait accusé l’ancien chef du gouvernement « d’être le candidat des multinationales ». « Quand on voit le fiasco d’El-Hadjar, qui était Premier ministre en 2001 ? », lance Hanoune en faisant allusion à Benflis. « Moi, je ne favoriserai pas les multinationales », ajoute-t-elle. Hier, Mme Hanoune a tout simplement reproché à Benflis « de vouloir reproduire le scénario ukrainien en Algérie dans le cas où il ne gagnerait pas les élections ».
Benflis ne branche pas, Mokri s’énerve
Si Benflis ne branche pas, ce n’est pas le cas du président du MSP qui a réagi sur son compte Facebook. Abderrazak Mokri a qualifié Hanoune de femme « méchante ». « Je suis contraint de te répondre Madame la méchante », écrit Mokri qui poursuit : « Rien ne motive vos attaques contre le courant islamiste qui n’a pourtant présenté aucun candidat à la présidentielle. Pourquoi vous nous critiquez, alors que votre concurrent, c’est Bouteflika ? ». Mokri souligne n’avoir jamais accusé Hanoune d’avoir conclu un accord avec le pouvoir. « Je me suis simplement interrogé sur tes attaques contre l’opposition et tes éloges sur le Président ». Cette réponse intervient après la dernière déclaration de la secrétaire générale du PT qui a qualifié Mokri d’être à la solde des ONG internationales, notamment Freedom House.
