Dans les grands médias étrangers, la présidentielle algérienne est avant tout un sujet de moquerie

Sans titre

Il y encore quelques mois, l’Algérie intéressait les grands médias internationaux. Grand fournisseur de gaz et de pétrole pour l’Europe et plus importante économie du Maghreb, le pays intéressait aussi bien les investisseurs que les responsables politiques étrangers. En 2014, la campagne des présidentielles, vue de l’étranger, ressemble bien plus à un cirque, une bizarrerie politique, devenue source de moquerie pour plusieurs médias.

Hier, ce sont à la fois la chaine anglaise BBC et Canal+ qui ont, à nouveau, raillé le pays du « candidat » Bouteflika. Les Anglais ont repris un photo-montage particulièrement cruel pour lui. L’image avait circulé sur les réseaux sociaux. On y voit le président algérien, dont le physique a été modifié pour le faire ressembler à Kim Jong Un, le dictateur Nord-Coréen dont la dynastie se succède à la tête du pays. Jamais auparavant la BBC n’avait ainsi versé dans l’irrévérence à l’égard de l’Algérie. Peut-être est-ce dû au fait que les chaines de télévision étrangères n’ont toujours pas l’autorisation de venir effectuer leur travail en Algérie ?

Ainsi, l’émission sarcastique de Canal+, Le petit Journal, a révélé que les chaînes françaises sont interdites de visas. NI TF1, ni ITélé, ni BFMTV n’ont l’autorisation de venir couvrir « la campagne libre indépendante et démocratique algérienne ». « On aimerait aller en Algérie pour couvrir les élections, mais il faut un visa pour pouvoir aller tourner en Algérie comme dans tous les autres pays, sauf que les autres pays le donnent, l’Algérie ne nous les donne pas », observe Yann Barthès l’animateur de Canal+, hier lors de son émission.

En attendant l’obtention de visas « on se console en regardant Canal Algérie », ironise Yann Barthès, pour qui l’Algérie devient un running gag particulièrement attendu avec un décompte du nombre de jours qui nous séparent du scrutin.

Le Petit journal a ensuite diffusé une séquence du journal télévisé de Canal Algérie qui montrait les images de son entretien avec le Premier ministre portugais, le 20 mars dernier. « Il n’est pas en pleine forme depuis son AVC, il y a de sérieux doutes sur sa capacité de gérer les affaires et à se représenter », commente le journaliste de Canal+ en montrant Bouteflika. « Cette fois-ci, il a fait un nouveau geste », s’extasie l’animateur de Canal+ en montrant le président algérien qui arrive à croiser les doigts.

L’absence d’Abdelaziz Bouteflika durant la campagne électorale n’a pas échappé au Petit journal, qui montre encore une fois des images de Canal Algérie énonçant les meetings des six candidats. « Les six candidats en lice où leurs représentants vont à la rencontre des électeurs », dit le journaliste de Canal Algérie. Le petit journal montre alors des images d’Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Moussa Touati, Louiza Hanoune, Ali Fawzi Rebaïne, qui animent tous leurs propres meetings. Il diffuse enfin, des images d’Abdelmalek Sellal, directeur de la campagne électorale de Bouteflika qui tient un meeting à la place du candidat en question. « Abdelaziz Bouteflika et le seul des six à envoyer des représentants pour faire des meetings à sa place », fait remarquer l’animateur de Canal+.

Il est triste que l’Algérie soit ainsi devenue la légitime tête de turc des médias internationaux. De l’autre côté de la frontière, en Tunisie, le vote, récemment, de sa nouvelle Constitution a intéressé de manière beaucoup plus sérieuse les grands médias internationaux. Il y avait, dans cette innovation bien réelle, un esprit de sérieux et de progrès salué par tous les observateurs.


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