À Mascara, ville « sinistrée », Benflis tire à boulets rouges sur le bilan et les pratiques de Bouteflika

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Ali Benflis a choisi la ville de Mascara, dans l’ouest du pays, pour animer son premier meeting électoral. Dans une salle presque pleine avec des partisans scandant « Benflis Président », le candidat a prononcé son premier discours électoral devant ses fidèles et ses alliés politiques.

Premier message et premier tir contre les partisans du 4e mandat : « Je suis venu pour vous présenter mon projet, je n’ai aucunement l’ambition de briguer un mandat, puis un autre mandat, puis un autre mandat », lance-t-il à l’assistance, en référence au maintien du président Bouteflika au pouvoir depuis 1999.

Ensuite, Benflis a regretté le fait que le gouvernement qui doit être au service du peuple puisse « se transformer en comité de soutien au profit du candidat Bouteflika ». Benflis continue ses attaques et qualifie les institutions de l’État d’illégitimes, « non crédibles, faibles et fragiles ». Il promet, une fois élu, d’instaurer des réformes de fond. « Dans les pays qui se respectent, lance-t-il, il y a l’acte constitutionnel. En Algérie nous avons adopté quatre Constitutions depuis l’indépendance. Les textes ont été revus puisque aucun d’entre eux n’a été élaboré dans le cadre d’un consensus ». Une tradition que le rival du président Bouteflika promet de changer.

Une fois élu à la tête du pays, Benflis promet d’engager des discussions avec la classe politique et la société civile pour élaborer une nouvelle Constitution. Un processus qui peut prendre une année, selon lui. « Une fois rédigée, la Constitution sera soumise au referendum », précise-t-il. « Finie la gestion de l’État par les blagues et les insultes », déclare le candidat. Dans la nouvelle Constitution, s’engage-t-il, « l’opposition sera renforcée, l’époque du roi bannie ».

« En Algérie, celui qui défend le roi est respecté et considéré, ceux qui le contredisent ou divergent avec ses opinions sont humiliés et exclus », ajoute-t-il. Preuve en est, le cas « de ces partis politiques marginalisé, détruits parce qu’ils ont osé empiéter la règle du roi ». « C’est ça la vie que les Algériens méritent ? Est-ce pour cette Algérie que nos martyrs ont combattus ? », s’adresse-t-il aux dizaines de jeunes venus l’écouter. La foule réagit « Algérie libre et démocratique ».

Détaillant son projet de révision constitutionnelle, Benflis propose notamment d’instaurer « un vrai Parlement avec le pouvoir d’exercer pleinement son contrôle sur le gouvernement ». « Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que le Parlement ne contrôle rien et c’est malheureusement le gouvernement qui garde une mainmise sur le Parlement », a-t-il observé. Aux Algériens, Benflis promet une justice libre où les magistrats seront indépendants. « Finie la justice de nuit, le président n’aura aucun droit de regard sur les magistrats », a-t-il dit.

L’autre proposition de Benflis est la création d’un gouvernement d’union nationale qui sera ouvert même à ceux qui sont « contre nous aujourd’hui ». Le candidat affirme que 25 partis politiques le soutiennent aujourd’hui. Ces partis, insiste-t-il, n’ont marchandé avec moi « ni une part de gâteau, ni un poste ».

Au chapitre économique, le candidat s’engage à créer une économie alternative à celle des hydrocarbures en relançant l’agriculture, l’industrie et le tourisme.

Enfin, le candidat qui qualifie Mascara de ville « sinistrée » et d’une ville « mahgoura » appelle les jeunes à protéger leurs voix et met en garde l’administration contre le détournement de la volonté populaire. « Je ne peux pas accepter le Haram dans la politique, le pays doit être bâti sur le Hallal », conclut-il.

Plusieurs représentants de partis politiques, qui soutiennent la candidature de Benflis, ont fait le déplacement avec lui à Mascara. Benflis animera son deuxième meeting cette après-midi à Ain Timouchent.


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