Entamé en 2013, le déclin du marché algérien du véhicule neuf devrait se poursuivre cette année en raison de la concurrence du logement et de la baisse de la demande de la part des fonctionnaires. Une semaine après l’inauguration de la 17e édition du Salon international de l’automobile d’Alger, les visiteurs ne se bousculent pas à la Safex aux Pins-Maritimes. Les stands des concessionnaires n’attirent plus la grande foule. L’affluence semble nettement en baisse. Même si Mouloud Slimani, directeur de la promotion et de la coopération de la Safex, prévoit un salon comme les autres. Pour lui, chaque année, environ 200 000 visiteurs sont recensés durant toute la période du Salon. Cette année les estimations révèlent entre 20 000 et 21 000 visiteurs par jour. Leur nombre atteindra, à ce rythme, les 210 000 à la fin du Salon. Ces chiffres représentent toutefois, de simples estimations, faute d’un système de comptage des visiteurs. La baisse de fréquentation du salon de l’auto confirme le déclin du marché du véhicule. Au dernier trimestre 2013, la baisse en Algérie a été plus brutale avec -21% par rapport à l’an dernier. Et en janvier dernier, les importations ont reculé de plus de 50%, selon les Douanes algériennes. Le nombre de voitures importées a totalisé 23 682 unités contre 47 858 durant la même période de 2012.
Le véhicule ne fait plus partie des priorités de l’Algérien où d’autres dépenses viennent prendre le dessus chez les ménages, tel que le logement avec la relance de la formule AADL destinée aux revenus moyens et de la formule LPP réservée aux salaires élevés.
Pour l’économiste Abdelhamid Mezâache, la baisse de fréquentation du Salon reflète la satisfaction de la demande de véhicule au niveau national. « La demande de véhicule n’est pas directement liée au logement. On enregistre un ralentissement de la demande car les besoins en véhicule ont baissé, vu que les Algériens ont plus de facilités à acheter un véhicule. En revanche, le véhicule haut de gamme demeure la seule catégorie qui n’est pas touchée par cette stagnation », explique l’économiste. Même son de cloche chez Rosa Mansouri, responsable de la communication chez Sovac, représentant officiel du groupe allemand Volkswagen (Volkswagen, Audi, Seat, Skoda et Porsche), qui domine le marché premium avec sa marque de luxe Audi. « Chez nous, les ventes demeurent en hausse car le client de Sovac est exigeant et cherche continuellement la qualité. Nos acquéreurs font un achat réfléchi », affirme Mme Mansouri avant d’ajouter : « la baisse de fréquentation serait fortement liée à la période du Salon qui ne coïncide pas avec les vacances scolaires. Cette année, le Salon de l’Auto est programmé avant les vacances scolaires, contrairement aux années précédentes », explique-t-elle. Pour l’expert financier, Lies Kerrar, en dépit de la baisse d’importation des véhicules par rapport à 2012, les ventes n’ont pas baissé car l’année 2012 n’est peut-être pas considérée comme une « année référence ». « Les ventes de voitures ont toujours été en croissance. L’année 2012 est une année exceptionnelle (605 000 véhicules vendus), car elle a connu des augmentations de salaires et des rappels rétroactifs octroyés par l’Etat, dans différents secteurs, ce qui a aidé les consommateurs à acquérir un véhicule », souligne M.Kerrar.
Pour maintenir le même taux de vente, certains concessionnaires misent sur de nouveaux modèles et des remises de prix pour attirer le client. Ce qui confirme l’évolution du marché automobile algérien. Toyota Algérie a compris. « Nous avons constaté une certaine réticence chez le consommateur algérien qui préfère investir dans l’immobilier. D’ailleurs, certains finissent par vendre leur véhicule pour pouvoir verser l’apport exigé par les formules d’acquisition de logement. Chez Toyota, nous misons sur les nouveaux modèles pour inciter les visiteurs à orienter son choix vers nos modèles », explique Nahla Kaddour, responsable marketing chez le représentant local du numéro un mondial de l’automobile.
