La loi obligeant les commerçants à fournir un certificat de garantie n’est toujours pas appliquée

boutiques électroménagers

Un arrêté interministériel du 14 décembre 2014 fixant la durée de garantie par nature du bien a été publié dans le journal officiel N°03 du 27 janvier dernier. Ce décret oblige les opérateurs économiques à fournir un certificat de garantie des biens et services livrés aux consommateurs.

Cette loi n’a pourtant rien changé aux habitudes des vendeurs. Plusieurs magasins au centre d’Alger et El Hamiz, fief de l’électroménager, refusent de fournir une garantie.

« Mais pourquoi demander une garantie ? »

Ce qui est un droit pour le consommateur, n’a pas de sens pour certains vendeurs. « Mais pourquoi demander une garantie ? C’est une marque connue, vous savez très bien qu’il n’y aura aucun problème », explique un vendeur presque en colère quand nous avons insisté pour avoir un certificat de garantie.

Possédant une petite boutique où il vend, en majorité, des sèche-cheveux et fers à repasser, le jeune d’une trentaine d’années explique que seulement 40% des produits qu’il vend sont sous garantie. « Je ne peux pas donner de garantie car le produit n’en dispose pas. L’importateur ne donne pas de garantie mais nous avons testé les marques et ça marche bien, les clients ne se plaignent pas », ajoute-il.

Même son de cloche, chez un vendeur de caméscopes et appareils photos au centre d’Alger. « Ce sont des marques internationales très bien réputées, il ne risque pas d’y avoir de problème », nous explique-t-il, pour justifier le manque de garantie. « S’il se passe quoi que ce soit vous nous le ramenez », tente-t-il de rassurer.

Les importateurs pointés du doigt 

Un  propriétaire d’une boutique à El Hamiz, âgé de 42 ans, est conscient de l’importance de fournir un certificat de garantie. Il explique, ceci-dit, que cette loi ne peut pas entrer en vigueur tant que les importateurs agissent à leur guise.  « On ne peut pas l’appliquer car cela ne dépend pas de nous », dit-il. Le vendeur nous donne plus de détails. « Je me fournis chez deux importateurs. L’un d’eux me donne des factures car il importe des marques internationales connues. L’autre ne me donne pas de garantie car il s’agit de produit contrefaits ». Les produits contrefaits n’ont effectivement aucune garantie, ni mode d’emploi dans certain cas, sachant que ce dernier est obligatoire.

Nous avons contacté un importateur de produits électroménagers, pour comprendre pourquoi des garanties ne sont pas fournies avec les produits vendus. Ce dernier nous affirme que certains importateurs importent des produits qui ne « sont même pas conformes ». « Ces produits douteux qui viennent majoritairement de Chine sont cédés à des prix concurrentiels », note-t-il. Cette situation est en défaveur des importateurs qui respectent la loi, des détaillants et des consommateurs, estime l’importateur. Selon lui, avant d’appliquer cette loi, il faudrait d’abord mettre de l’ordre dans les importations, et intensifier les contrôles au niveau des ports. « Je ne vois pas pourquoi appliquer la loi sur certains et ne pas l’appliquer sur d’autres. Il faut mettre fin à ce réseau mafieux qui importent les produits contrefaits », dénonce-t-il.

Des consommateurs qui méconnaissent leur droit 

Fatima, la quarantaine, est venue spécialement à El Hamiz pour acheter une cuisinière. La garantie est le dernier de ses soucis. « Le plus important et qu’elle soit bien et pas très chère », dit-elle. Pour la femme au foyer, le bout de papier ne garantit en rien la qualité.

Faycel, étudiant en informatique ne savait pas que la garantie était un droit. « Je demande à chaque fois une garantie, mais lorsque le vendeur refuse je change tout simplement de boutique, mais je viens d’apprendre que c’est un droit », lance-t-il avec un sourire.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici