Défaite de la gauche en France : entretien avec Bariza Khiari, première vice-présidente du Sénat français 

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Bariza Khiari est première vice-présidente du Sénat français. Membre du Parti socialiste (PS), elle revient sur la défaite de la gauche au deuxième tour des élections départementales.

Comment expliquez-vous la lourde défaite de la gauche aux élections départementales ?

La gauche est partie divisée aux élections départementales. Nous avons été incapables de nous unir autour d’un projet. Au premier tour, nous avons perdu 500 cantons, vu les désaccords profonds. Au deuxième tour, il y a eu quelques meetings communs entre le PS, le PC et les Verts, parce qu’il ne fallait pas tout perdre. Nous avons pu récupérer quelques cantons mais le plus gros était déjà parti au premier tour.

Quelle signification donnez-vous aux bons scores obtenus par l’extrême-droite dans certains quartiers populaires ?

Je pense que des Français se considèrent complètement délaissés par la droite et par la gauche. Ils ont élu François Hollande sur un programme qui n’a finalement pas été mis en œuvre. Donc, il y a eu une déception et des gens ont voté FN.

Comment ont voté les musulmans de France ?

En fait, il y a eu une abstention générale des Français. Mais quand les musulmans de France ne votent pas, c’est la gauche qui est perdante. Lors de la présidentielle de 2012, ce sont les quartiers qui ont fait gagner Hollande. Aujourd’hui, ils ne votent plus. D’ailleurs, ils n’ont voté ni lors des municipales, ni lors des élections départementales.

Pourquoi ?

Entre voter pour une droite islamophobe et pour une gauche qui ne tient pas ses promesses, ils ne savent plus quoi faire. Avec Hollande, ils attendaient le vote pour tous, ils ont eu le mariage pour tous. Donc, l’abstention les met dans une situation plus confortable.

L’absence de fermeté concernant les actes islamophobes a-t-elle joué un rôle ?

Les musulmans de France demandent une prise en compte réelle de l’islamophobie et considèrent que ce qui est fait actuellement est insuffisant. Mais il y a des efforts qui sont faits dans ce domaine. Le président Hollande a utilisé, cela fait quelques mois, le terme « islamophobie » pour la première fois. Le ministre de l’Intérieur est quelqu’un qui ne laisse rien passer, de ce point de vue. Mais ces efforts sont assez récents.


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