La recette des banques étrangères pour éviter de financer les entreprises algériennes

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Plusieurs banques à capitaux étrangers activant en Algérie, notamment les deux françaises Société Générale Algérie (SGA) ou la BNP Paribas El Djazaïr (BNP) qui dominent le secteur, doivent attendre l’aval de leur maison-mère, à l’étranger, avant d’accorder des crédits dépassant le million d’euros.

Ce qui pénalise fortement les entreprises algériennes à la recherche de crédits et de financements. Les refus de crédits supérieurs à 1 million d’euros sont difficiles à quantifier mais ils seraient très nombreux. Une manière pour ces banques d’éviter de financer les entreprises et se contenter des opérations d’importation, plus rentables et moins risquées.

Les entreprises étrangères favorisées

Plusieurs entreprises rentables, viables et apportant des garanties conséquentes se voient refuser des crédits d’un montant dépassant le million d’euros. Il s’avère que le refus est intervenu après que la banque privée ait consulté sa maison-mère à Paris.

« À chaque demande de crédit, la réponse est toujours la même : nous allons consulter Paris », affirme le directeur d’une entreprise qui réalise pourtant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros. TSA a pu consulter des correspondances de banques françaises adressées à des entreprises algériennes sur le sujet.

Par conséquent, seules les filiales algériennes de groupes étrangers, notamment français et européens, accèdent aux financements. Les groupes basés à l’étranger fournissent, en effet, pour leurs filiales algériennes des garanties aux maisons-mères des banques qui autorisent alors les banques en Algérie à accorder les crédits. Cet apport de garantie à l’étranger est un « luxe » que les entreprises algériennes qui ne disposent pas de sièges à l’extérieur ne peuvent se permettre. Mais pas seulement : le crédit est contracté à l’étranger avec des garanties fournies à l’étranger, mais l’argent est versé en Algérie. Or, en Algérie, ces banques travaillent grâce aux sommes collectées auprès de déposants algériens, particuliers et entreprises.

Réponses des banques concernées

Contactées par TSA, les banques concernées ont eu des réponses diverses, globalement évasives.

La SGA affirme que le nombre de dossiers concernés par une autorisation de crédit de la maison-mère ne représenterait « qu’environ 2% » du total des demandes de crédits, précise-t-on. Un chiffre qui paraît faible. Il signifierait en effet que 98% des demandes de crédit seraient inférieur au million d’euros.

Selon la banque privée, cette pratique de plafonnement des autorisations de crédits est parfaitement légitime. La Société Générale (France), actionnaire majoritaire, a un droit de regard sur ce que fait sa filiale. Elle procède donc à des contrôles et à la gestion du risque, explique-t-on chez SGA.

Par ailleurs, elle réfute l’information selon laquelle les entreprises étrangères sont avantagées. Notre source précise que tout le processus bancaire, y compris le recueil de garanties, qui sont un élément secondaire dans la prise de décision selon la banque, se fait exclusivement en Algérie.

Du côté de la BNP, contactée à plusieurs reprises, la réponse est encore plus évasive : la BNP « s’appuie, dans son processus d’approche des risques et d’octroi de crédit, sur une équipe pluridisciplinaire locale aidée par des experts internationaux pour des dossiers nécessitant plus de savoir-faire et de technicité et ce conformément à son organisation et ses procédures ».

Les autorités et les clients sont-ils au courant ?

Selon les affirmations de Société Générale, cette pratique se fait en toute transparence. Le client est informé que le traitement du dossier s’effectue en France, selon la même source. Ce que nous avons pu vérifier.

La banque affirme aussi que « tout est en règle » vis-à-vis des autorités de régulation, c’est-à-dire la Banque d’Algérie et, dans une moindre mesure, le ministère des Finances. Seulement, la Banque d’Algérie est-elle au courant de cette pratique en particulier ?


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