Constitution : que cachent les contradictions entre Bensalah et Ould Khelifa ?

Larbi Bensalah

Le silence du président de la République sur la révision de la Constitution, un projet qu’il a lui-même initié en avril 2011, a ouvert les portes à toutes les interprétations.

Différend au sommet de l’Etat ? Projet abandonné, ajourné ? Chacun y va de sa propre analyse. Mais aucun responsable politique n’est en mesure d’apporter des éléments de réponses claires sur un dossier considéré comme étant du domaine réservé du président de la République.

Mais hier, Abdelkader Bensalah, contrairement à ses habitudes, s’est risqué d’affirmer que la révision de la Constitution était imminente. Le président du Sénat était affirmatif : « Tous les indicateurs laissent croire que la révision de la Constitution n’est pas loin », a-t-il annoncé dans son discours d’ouverture de la session de printemps du Parlement. « Peut-être que l’honneur de [la révision de la Constitution] marquera l’histoire du Parlement durant cette session », a-t-il ajouté.

Le deuxième personnage de l’Etat n’a pas cette réputation d’être un adepte des annonces politiques. Sauf lorsqu’il reçoit des garanties. Illustration de cette prudence : son parti, le RND, a été parmi les dernières formations de la coalition présidentielle à avoir soutenu publiquement la révision de la Constitution. Un soutien qui était intervenu à la veille de la désignation d’Ahmed Ouyahia pour diriger les discussions avec la classe politique, la société civile et les personnalités nationales sur la révision de la loi fondamentale. D’où l’intérêt de son intervention hier au Sénat. Si Bensalah a accepté de parler c’est qu’il a dû recevoir des informations sûres de la présidence sur l’avenir du projet de révision de la Constitution.

Pourtant le même jour, Larbi Ould Khelifa, président de l’APN, dans un entretien à El Khabar, disait presque le contraire. Il a déclaré que l’APN « n’a pas reçu aucune consigne jusque-là, du gouvernement pour programmer le projet de révision de la Constitution durant la session de printemps du Parlement ».

Alors Bensalah est-il mieux informé qu’Ould Khelifa ? En fait, Larbi Ould Khelifa a tout simplement donné une réponse technique et de surcroît vraie sur une question en rapport avec la démarche du président. En effet, le gouvernement ne peut pas saisir l’APN tant que le projet n’est pas examiné en Conseil des ministres. Certes, l’Exécutif transmet à la Chambre basse du Parlement à la veille de chaque session la liste des avant-projets qui lui seront proposés à l’adoption. Mais il faut savoir que cette liste est loin d’être définitive. Le gouvernement peut proposer d’autres projets durant la session en cours.


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