En Algérie, « la 3G a pris la place de l’ADSL »

3G

Younès Grar, expert en TIC, revient sur les problèmes du développement de l’internet en Algérie. 

Selon le rapport 2014 de Global Information Technology, établi par le World Economic Forum, l’Algérie est au 129ème rang dans le monde des TIC…

Ce rapport n’est pas le seul qui a classé l’Algérie comme dernier élève, donc c’est loin d’être un complot contre nous. Cette position revient chaque année depuis plus de 10 ans, ce qui prouve que nous avons une mauvaise vision. Il y a eu une tentative en 2008 de tracer une stratégie pour intégrer ce qu’on appelle « la société de la connaissance ». Malheureusement ce document est resté à l’étape théorique.

Quatorze ans après la création du ministère de la Poste et TIC, nous constatons que le secteur n’avance pas. Je pense que le ministère ne trouve pas sa place au sein du gouvernement. Je l’ai toujours dit : ce ministère ne sert à rien. J’ai déjà proposé, avec d’autres experts, de mettre en place une institution qui coordonne entre tous les établissements des TIC à la place du ministère. Il est inconcevable que 10 ans après le lancement de l’ADSL, on se plaint de la qualité du service et des coupures, et on attend toujours la e-éducation, le e-commerce, le e-gouvernement, etc.

Le monopole exercé par Algérie Telecom est-il en cause ?

Oui, le monopole freine le développement. Le ministère avait prévu 6 millions d’abonnés à l’horizon de 2010, dans le cadre du programme «Osratic », qui a disparu d’un seul coup, mais aujourd’hui on est à 1,5 million d’abonnés. C’est un résultat négatif pour Algérie Telecom. On ne peut pas être attaché à son incompétence. Nos voisins sont arrivés à 10 et 20 mégas de débit. Ils le proposent au même prix que les 1 ou 2 mégas d’Algérie Telecom.

Selon l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), le nombre d’abonnés à la 3G est estimé à plus de 8 millions…

Ce résultat a surpris même l’ARPT. Au début du lancement de la 3G elle avait prévu 3 millions d’abonnés pendant une période de 5 ans. En Algérie, la 3G a pris la place de l’ADSL car cette dernière ne s’est pas bien développée et il y a même un manque flagrant de lignes téléphoniques.

Où en est dans le développement de la 4G ?

La 4G fixe a déjà été lancée mais en réalité elle n’est pas faite pour les villes. La 4G fixe est faite pour les villages où il y a des maisons éparpillées, là où on ne peut pas installer des lignes fixes. Mais malheureusement ce n’est pas le cas, on constate que la 4G fixe est utilisée dans les villes, et même par des personnes qui ont déjà l’ADSL. Je pense que c’est un petit échec par rapport au succès de la 3G mobile. Aujourd’hui, on attend la 4G mobile.


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