Louisa Hanoune met en garde contre « la Moubarakisation » du pays. « Au départ, Moubarak avait fait des choses intéressantes, mais les dix dernières années de son règne, la mafia a accaparé des centres de décision économique, ensuite politique. C’est cela qui est à l’origine de la tragédie égyptienne en cours», a déclaré Mme Hanoune dans un entretien au quotidien El Watan, publié ce jeudi 19 février. Selon la patronne du Parti des travailleurs (PT), la même chose risque de se produire en Algérie : «Nous assistons au même processus suscité de l’intérieur même des institutions», prévient-elle.
Hanoune attaque une nouvelle fois Haddad
Louisa Hanoune accuse «une clique » de se comporter en chef «d’État parallèle» et appelle le Président à en assumer son entière responsabilité. Sans donner de nom, la patronne du PT tire sur le premier cercle du Président. Elle cible deux personnalités réputées proches de Said Bouteflika, le frère du chef de l’État. Il s’agit d’abord d’Ali Haddad qu’elle nomme par « patron des patrons ». Elle exprime son indignation du fait que le président d’une organisation patronale fasse la tournée des ministères « où il donne des orientations ! Il annonce l’ouverture de tous les secteurs, y compris l’énergie. Cela veut dire que l’article 17 de la Constitution doit être abrogé ou au moins violé».
Hanoune, parle « d’un système de cooptation dans lequel interfèrent des individus qui considèrent qu’ils ont leur mot à dire et que c’est à eux que revient le droit de sélectionner les ministres».
Nouvelle salve contre Bouchouareb
Dans son réquisitoire, Mme Hanoune épargne encore une fois le ministre de l’Énergie Youcef Yousfi mais évoque la présence dans le gouvernement «des Temmar en puissances et des Khelil aussi». Sans le nommer, la patronne du PT vise Abdesselam Bouchouareb, ministre de l’Industrie, qu’elle avait déjà accusé de fomenter la colère à In Salah pour récupérer le poste de l’Énergie.
Mme Hanoune pense que l’ouverture des espaces aérien et maritime va profiter à la même « clique » sus citée.
Pas de rencontre avec Bouteflika mais des contacts avec les hautes autorités
Après avoir critiqué ses proches, Hanoune stigmatise le bilan de Bouteflika. « Si beaucoup de choses ont été faites dans le cadre de la reconstruction du pays, (…) les frustrations demeurent pour de larges couches dans la société, des disparités énormes persistent», note-t-elle. Sur le plan politique, Hanoune reproche au Président de ne pas « tenir ses engagements de réforme » «Nous disons qu’il doit les tenir. Cela s’appelle le respect du mandat » martèle-t-elle, en demandant à Bouteflika de renoncer à la révision constitutionnelle s’il s’agit « de quelques retouches ou d’un lifting par-ci par-là». La patronne du PT précise enfin qu’on n’est plus dans la même conjoncture que celle d’avril 2014, comme pour anticiper les critiques sur ce changement flagrant de sa position par rapport à Bouteflika dont elle avait salué la réélection.
Enfin Hanoune reconnait qu’elle n’a pas revu Bouteflika depuis son investiture, mais atteste qu’elle a personnellement « tiré la sonnette d’alarme en s’adressant au plus haut sommet de l’État», qui semble-t-il partage son avis, sans divulguer ses interlocuteurs au sommet de l’État.