ENTRETIEN. Accusé de détenir des biens en France, Abderrahmane Meziane Cherif se défend

Abderrahmane Meziane Cherif est ancien ministre de l’Intérieur. Il a également occupé le poste de Consul général d’Algérie à Paris, de 2004 à 2010. La semaine dernière, le Mouvement citoyen algérien en France (MCAF) a annoncé avoir déposé plainte à Paris contre plusieurs personnalités, dont Abderrahmane Meziane Cherif pour détournement de biens publics. L’ancien ministre se défend et accuse. Entretien.

Le MCAF vous accuse de détenir des biens immobiliers en France…

Quand vous m’en avez fait part au téléphone et demandé à me rencontrer, j’ai cherché le site internet en question et je me suis aperçu qu’il s’agissait d’un blog comme tout un chacun peut en ouvrir en quelques clics. Ce blog a été ouvert par un certain Omar Aït Mokhtar. Les membres de ce prétendu mouvement se comptent sur les doigts d’une seule main. Mais ils partent du principe que plus le mensonge est gros, plus il passe et que plus ils font de bruit, plus ils sont entendus. Je n’ai jamais rencontré ce personnage, ni entendu parler de cette association ou prétendue comme telle. Avant de vous retrouver, je me suis renseigné sur M. Aït Mokhtar. Tous mes interlocuteurs m’ont indiqué qu’il s’agit d’un trublion, que beaucoup qualifient d’agitateur professionnel. J’ai appris qu’il a même fait l’objet d’une plainte pour diffamation auprès des tribunaux français de la part de mon successeur au Consulat général à Paris.

Mais il vous accuse de détournements de biens publics et il dit avoir porté plainte à Paris…

Il est évident que cet individu agit sur commande, du moment qu’il cite dans ses élucubrations Mohamed Sifaoui, un journaliste de caniveau, et j’assume la responsabilité de ce que je dis ! Ce Monsieur a commis un livre, en France, dans lequel il s’est attaqué avec une virulence inouïe, non pas à la politique du président Bouteflika, ce que fait librement notre presse à longueur de colonnes, mais à sa personne et à sa vie privée et familiale. Un livre ignominieux et abject, entièrement basé sur la calomnie la plus infâme, pour complaire à ses commanditaires, ennemis de l’Algérie. Il faut dire que le dénigrement de l’Algérie fait partie du commerce de M. Sifaoui. Ce pamphlet n’a rien à voir avec le journalisme d’investigation.

Outre notre Président, Sifaoui s’en est pris à de nombreux responsables algériens, en activité ou à la retraite, dont ma modeste  personne, m’accusant de bénéficier des prestations sociales françaises, en ma qualité de Consul général accrédité à Paris. Une grossière calomnie, car il s’agit d’une impossibilité absolue, pour des raisons évidentes. Je suis un ancien condamné à mort de la Guerre de Libération, ex-wali dans 5 wilayates, dont Alger, ancien ministre de l’Intérieur de mon pays, ancien Ambassadeur d’Algérie, et par conséquent, bien connu des autorités françaises qui m’ont accrédité. Une telle calomnie ne peut sortir que de la tête d’un personnage aussi malveillant et aussi venimeux que M. Sifaoui. Je précise, là-aussi, que je n’ai jamais rencontré, ni même croisé, ce Monsieur, que je considère comme un renégat. Quel était donc son intérêt à me calomnier ainsi ? Mystère !

Aït Mokhtar vous accuse de posséder des biens immobiliers en France acquis illégalement…

Il ne manquerait plus à cet homme que d’accuser les gens d’être en bonne santé ! Je peux vous donner le nom de la seule personne pouvant lui avoir fourni ce qu’il croit être un scoop, si je puis dire : il s’agit de M. Amine Bensaid, un jeune homme que j’ai fait condamner par les tribunaux français pour abus de confiance, vol et escroquerie, puisqu’il avait dérobé ma carte de crédit et falsifié à son profit des chèques remis par mon épouse. Comme tout Algérien, comme tout père de famille, je n’ai pas à m’excuser du fait que ma famille et mes enfants sont propriétaires du toit qui les abrite ! J’ai exercé, pendant quarante ans, de hautes responsabilités, tant en Algérie qu’à l’étranger et je peux affirmer avec fierté que je ne possède que le fruit de mon labeur. A ce compte-là, M. Omar Aït Mokhtar et ses semblables, auraient à déposer plainte contre tous les Algériens, puisque le but de tout père de famille, dès le début de sa carrière, est d’acheter ou de construire le logis familial…

Dans votre cas, il parle de détournements de fonds qui ont servi à ces acquisitions…

Aït Mokhtar, soupçonne le peuple algérien entier d’avoir détourné les biens du peuple algérien ! Tant qu’il ne s’agit que d’une lubie personnelle, il peut vivre avec. Mais sa virulence déplacée finit par agacer.

Aït Mokhtar se base sur le contenu du livre de Mohamed Sifaoui que vous n’avez pas contesté lors de sa publication.

Voilà bien un raisonnement fallacieux ! En tant que Moudjahid, j’ai pour principe de ne jamais accepter l’agression ou la diffamation, quelle qu’en soit l’origine. Je me devais d’agir contre M. Sifaoui, d’abord en France, puisqu’il est citoyen français. J’ai chargé Maitre Vergès, (décédé depuis) avocat de renom, qui m’avait défendu au temps de la Révolution, de porter plainte auprès des tribunaux français. Il s’est avéré que la plainte n’était pas recevable pour des questions de pure forme : les délais étaient forclos. Après avoir constaté l’inexistence de décret portant déchéance de M. Sifaoui de la nationalité algérienne, j’ai porté plainte à Alger. Le tribunal l’a condamné à 4 mois de prison ferme et à des dommages et intérêts conséquents. Que M. Aït Mokhtar se rassure donc, M. Sifaoui a du souci à se faire pour ses calomnies.

Par ailleurs, pour ce qui concerne M. Sifaoui personnellement, je vous renvoie au livre de Pascal Boniface, géopolitique français, intellectuel connu et reconnu. Dans son livre, vendu à plus de 50.000 exemplaires et intitulé « Les intellectuels faussaires ou le triomphe médiatique des experts en mensonge », paru en 2011, aux éditions J.C Gawsewitch, Pascal Boniface range Sifaoui parmi les faux experts utiles à certains médias français qui se servent de lui comme « musulman de service », prêt à défendre tout et son contraire. Il le qualifie de « supercherie médiatique » et démonte ses mensonges un à un.

Boniface nous apprend aussi que Sifaoui a réussi à s’introduire parmi les dirigeants de S.O.S Racisme, alors qu’il se comporte lui-même en raciste contre les Arabes, bien qu’il en soit un, les Palestiniens qu’il accuse d’agression contre Israël, des Musulmans, quels qu’ils soient, les Asiatiques, et j’en passe.

Sa posture de pourfendeur de l’Islamisme n’étant plus tenable, son dénigrement perpétuel de l’Algérie et de ses dirigeants et ses supercheries françaises : Eric Zemmour, et il prétend désormais, je parle de Sifaoui, défendre les Musulmans contre cet autre intellectuel qui lui a pris une partie de ses postures et de ses impostures.

En lisant l’ouvrage de Boniface, on découvre bien d’autres facettes peu reluisantes de Sifaoui, qui a bâti sa médiatisation en France sur un fonds de commerce à base de mensonges éhontés. Il a joué les victimes en claironnant qu’il aurait fui l’Algérie après avoir été visé par un attentat islamiste et le retour du président  Bouteflika, qu’il accuse d’avoir promu la concorde nationale. Menteur invétéré, sans scrupules, sans déontologie journalistique, ne possédant qu’une culture superficielle et approximative, Sifaoui a tout de même réussi à se faire passer pour un expert que l’on consulte en matière d’islamisme. Car il était invité par des médias ravis de trouver en lui ce qu’ils recherchaient : un musulman anti-Islam, un arabe anti-arabe, un Algérien vouant une haine viscérale à l’Algerie etc. mais cela marche de moins en moins, désormais, car son fonds de commerce est épuisé…

 Pourquoi avoir accepté de réagir si vous dites qu’il s’agit de mensonges? 

Je souhaiterais terminer en disant ceci : Au cours de ma longue carrière au service du pays, j’ai fait l’objet de nombreuses attaques. Celles de M. Aït Mokhtar ou de M. Sifaoui ne m’émeuvent pas outre mesure. Mais j’ai pour principe de ne pas me conformer entièrement à l’adage selon lequel « les chiens aboient, la caravane passe ». En effet, certains aboyeurs professionnels peuvent être enragés. C’est pourquoi il faut les faire taire par des mises au point par voie judiciaire. En diffamant à tort et à travers les personnes qui ont exercé, ou qui exercent des hautes responsabilités, ces gens portent préjudice aux institutions de l’Etat et à l’Algérie. Il faut les dénoncer et ne jamais leur laisser la voie libre.


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