Ce que la France avait refusé à l’Algérie, elle l’octroie à l’Egypte du maréchal Al-Sissi

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L’Egypte a lancé ce lundi 16 février une série de frappes aériennes sur Daech en Libye. Les bombardements se sont opérés suite aux décapitations de 21 Egyptiens de confession chrétienne copte, commises par l’Etat Islamique. De plus, l’Egypte et la France ce lundi ont pressé l’ONU lors d’une réunion du Conseil de Sécurité à prendre de « nouvelles mesures » contre l’EI, selon l’AFP.

La décision de l’Egypte de se joindre à la position de la France auprès du Conseil de Sécurité intervient quelques jours après que les deux pays aient annoncé un accord de vente de 24 Rafales, une frégate Fremm et des missiles à l’Egypte, pour un montant de 5.2 milliards d’euros. C’est la première fois que la France réussit à vendre son célèbre avion de chasse Rafale à un autre pays.

Le fait que la France vende des armes à l’Egypte, intrigue. Le président égyptien, Abdel  Fattah Al-Sissi, a notoirement pris le pouvoir grâce à un coup d’état militaire en 2013. Un putsch qui a mis fin à tout espoir d’établir une démocratie durable en Egypte. La France, pourtant si encline à lutter contre les régimes autoritaires en Libye sous Kadhafi ou en Syrie sous El-Assad, accepte donc  cyniquement de vendre des armes au régime d’Al-Sissi, au moment ou ce dernier est confronté à la montée de l’islamisme radical sur son territoire et à ses frontières.

Elle oublie ainsi que le pouvoir égyptien pourra tout aussi bien retourner ces mêmes armes contre ses citoyens en cas d’éventuelles revendications démocratiques. D’ailleurs le régime d’Al-Sissi, combat les islamistes partisans du président déchu Mohamed Morsi et interdit les manifestations des mouvements démocratiques égyptiens, en partie à l’origine de la chute du dictateur Hosni Moubarak.

Ce contrat, dénoncé par une partie de la classe politique française, a soulevé un tollé parmi les organisations de défense des droits de l’homme, en raison de la nature répressive du régime du maréchal Al-Sissi.

La position de la France vis-à-vis du régime d’Al-Sissi surprend aussi car elle est en décalage par rapport à celle qu’elle a adoptée vis-à-vis de l’Algérie durant la décennie noire. Durant les années 90, la France avait refusé catégoriquement de vendre des armes à l’Etat algérien. Dans les deux cas pourtant, l’Algérie comme l’Egypte faisaient face à un parti islamiste déterminé à mettre la démocratie au placard. Sauf que l’Algérie a dû lutter contre un terrorisme violent et sanglant au sein même de son territoire. A cette période la France était aux abonnés absents, et l’Algérie était livrée à elle-même.


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