La JSK, un club à la dérive

JSK

C’est le club le plus titré du pays. L’un des plus prestigieux aussi. Mais depuis quelques années, il galère à n’en plus finir. Les scandales ont succédé aux lauriers. La réputation de la JSK, jadis un modèle pour les autres équipes, est traînée dans la boue. Rien ne lui est épargné. Même la FIFA s’en mêle, exigeant du club kabyle de régler ses dettes envers son ancien coach, que l’on a pratiquement oublié.

Après Omar Dabo, c’est donc au tour de Jean-Christian Lang de recourir à la haute instance du football mondial pour obtenir ses droits. Ça ne semble émouvoir personne. Abdelkader Khalef, qui a façonné ce club, doit en revanche se retourner dans sa tombe. Tout son héritage a été dilapidé.

Comment une équipe représentant toute une région, symbole de la résistance et de la cause kabyle, est tombée si bas ? La réponse est peut-être dans la question : on ne veut pas d’une JSK forte, revendicatrice, comme au bon vieux temps.

Vraies-fausses démissions

À vrai dire, les malheurs des Canaris ont commencé au début des années 90, paradoxalement avec l’ouverture du champ politique en Algérie. Le FFS et le RCD, puis le mouvement berbère MCB, se disputant le leadership, ont créé une fracture au sein du club. Il n’était plus possible de trouver un homme du consensus, surtout après la disparition de Bousaâd Benkaci, le dernier grand dirigeant kabyle.

Alors on a désigné un président par défaut : Moh Cherif Hannachi. Depuis, il règne en maître absolu sur la JSK. Celui qui est entré sur la pointe des pieds « n’en sortira que les pieds devant », selon des confidences que certains journalistes lui ont volées, au sortir d’une assemblée générale du club. Ce ne sont pas ses innombrables vraies-fausses démissions qui tromperont l’opinion publique. Elles ne concernent d’ailleurs que ceux qui les croient encore.

L’opposition laminée, malgré quelques soubresauts sporadiques de quelques anciens joueurs, aujourd’hui tout le monde semble résigné. Certains supporters parmi les plus sages vous diront : qui pour le remplacer, tant il a fait le vide autour de lui ? Hannachi a même réussi à éloigner le richissime Ali Haddad qui lorgnait le club kabyle, avant de se rabattre sur l’USMA.

22 ans de règne

La JSK pas touche ! On ne peut pas dire que c’est une propriété privée, mais ça y ressemble. 22 ans de règne sans partage lui ont permis de se forger une réputation de président indétrônable. Durant toutes ces années, le boss des Canaris en a vu des dirigeants et des responsables défiler. Il détient des secrets sur pratiquement tout le monde. Ce qui en fait un homme craint par tous les acteurs du football, y compris par le président de la FAF. D’autant que Hannachi n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Il n’hésite pas à attaquer à tout va, à défier ses adversaires, dès qu’il se sent menacé.

Descente aux enfers

Ses montées au créneau sont fréquentes faisant les choux gras d’une presse complaisante dont il est devenu la tête de gondole. Peu importe ses propos contradictoires, ses inepties, il a toujours pignon sur rue. Cela dit, il n’aurait jamais pu rester aussi longtemps à la tête d’un club aussi huppé, s’il ne bénéficiait pas de soutiens des pouvoirs publics. Malgré la défection des supporters, chassés par un clan de Tizi-Ouzou, les mauvais résultats de l’équipe ces dernières saisons, il est toujours là à vipérer.

Pendant ce temps, le club est à la dérive, poursuit sa descente aux enfers. Actuellement, il est à deux points du premier relégable. Jamais peut-être la JSK ne s’est retrouvée si proche d’une rétrogradation historique. Depuis la tragédie Ebossé, le club a du mal à s’en remettre. Hannachi a beau frapper à toutes les portes, il n’obtient que des promesses sans suite. C’est un peu le retour de la manivelle.

Aujourd’hui, il est seul à se battre contre des moulins à vent. Il semble qu’il ait franchi la ligne rouge. Les temps sont durs. Ce n’est pas pour autant que ses jours à la tête de la JSK sont menacés. On ne peut pas écarter d’un trait un président qui a fait ses preuves par le passé. Car au-delà des titres remportés, sa plus grande réussite est d’avoir « dépolitisé » la JSK. Ça, beaucoup ne l’oublieront pas.


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