Emploitic : comment un projet ANSEJ est devenu une start-up performante

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Créée en 2006 dans le cadre du dispositif ANSEJ, Emploitic est aujourd’hui la première plateforme en ligne pour les recrutements en Algérie et une entreprise performante. Un chiffre d’affaires en constante augmentation, une part considérable sur le marché de l’e-recrutement et un taux de croissance annuel de 30% en moyenne, Emploitic affiche des chiffres qui peuvent faire pâlir d’envie certaines entreprises. Ce mardi, l’entreprise dévoile son nouveau Emploitic 3.0. Nous avons rencontré le cofondateur, Louai Djaffer.

LouaiUn pionnier de l’internet

Tout commence en 2005 avec une idée commune partagée par Louai Djaffer et son associé Tarik Metnani. Leur but est simple : entreprendre en créant des services sur internet pour faciliter la vie quotidienne des Algériens. Puis vient un constat flagrant : « les entreprises disaient qu’elles ne savaient pas où aller chercher les candidats au recrutement », explique Louai Djaffer. Le projet vient donc répondre à une problématique réelle et souhaite rapprocher les entreprises et les demandeurs d’emplois.

La start-up est officiellement lancée en avril 2006. En parallèle au dispositif d’aides fiscales d’une durée de trois ans, octroyé par l’ANSEJ, l’entreprise met en place un système d’autofinancement. L’expertise développée par les deux associés leur permet de créer des sites internet pour d’autres sociétés et de réinjecter l’argent dans leur propre site de recrutement en ligne.

De l’aveu même du responsable, cela a pris beaucoup de temps mais le résultat est là.

Aujourd’hui, 60 salariés sont venus progressivement rejoindre les rangs d’Emploitic. Plus de 5000 entreprises utilisent la plateforme et la base de données d’Emploitic dépasse les 500 000 profils. Rien qu’en 2014, 15 000 offres d’emplois ont été diffusées sur le site. Sa position de leader sur le marché algérien a même permis à l’agence d’intégrer, en 2008, une alliance internationale nommée « The Network » regroupant les « plus grands sites au monde ». Poursuivant sur sa lancée, la société a aussi obtenu un agrément de la part de l’Etat en 2010, ce qui lui permet de fournir, entre autres, des statistiques sur le secteur du recrutement.

« Chacune trouve son compte quelque part »

Des PME-PMI aux multinationales en passant par les entreprises publiques, le panel des sociétés qui utilisent les services d’Emploitic est très varié. Les PME qui comptent pour un grand nombre des clients de l’agence tirent un avantage certain du coût réduit car « le média est dématérialisé », indique le cofondateur. Les multinationales, quant à elles, recrutent le plus en volume et privilégient, par habitude, les agences de recrutement en ligne. La transparence du processus place la société en position privilégiée pour des entreprises publiques qui sont nombreuses à solliciter ce type de service. L’entreprise propose un accès gratuit pour les candidats et facture les entreprises pour des services qui s’étendent de la publication d’annonces à l’accompagnement personnalisé en passant par l’accès à la base de données du site.

Les sociétés publiques et privées ayant un objectif économique s’arrachent donc les nouveaux talents en vue de stabiliser leurs effectifs. « Depuis 3-4 ans, on a vu arriver sur notre site énormément d’entreprises publiques car elles sont dos au mur », révèle le dirigeant, « elles sont en concurrence avec le privé pour garder les meilleurs ».

Une troisième version du site

Anticiper le changement : voici donc la règle à laquelle doivent répondre les ingénieurs et autres designers de l’entreprise. L’innovation représente une grande partie du budget de l’entreprise, plus de 20% rien que pour l’année 2014, révèle le DG. Depuis son lancement, l’agence met en place des programmes réguliers pour proposer plus de fonctionnalité à ses utilisateurs.

Emploitic est donc présent via ses applications sur IOS et Android depuis 2013 bien avant le lancement de la 3G sur le territoire algérien. Une moyenne de 20 000 candidatures se fait à travers le téléphone mobile, « soit 5% des candidatures sur une année », détaille Louai Djaffer qui prédit une augmentation sur les prochaines années.

L’année 2015 sera aussi marquée par le lancement de la troisième version du site, « Emploitic 3.0 est un projet sur lequel l’entreprise travaille depuis plus d’une année ». Pour le cofondateur, l’objectif est de proposer une technologie de classe mondiale et de s’adapter à un marché de l’emploi où les jeunes, hyper connectés, sont présents en masse. Il s’agit également de simplifier la démarche du recrutement afin qu’il soit plus performant et permette au recruteur d’avoir le bon candidat le plus rapidement possible. « Le challenge sera qualitatif et non quantitatif », conclut le dirigeant. Le développement d’une version du site en langues arabe et anglaise est aussi envisagé par la start-up. Mais le dirigeant du site leader reste réaliste et rappelle que le marché du recrutement en Algérie est à 90% francophone.

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L’Algérie en retard sur le secteur des TIC

C’est un fait, en matière de technologies de l’information et de la communication, l’Algérie accuse un retard sur ses voisins. Pourtant le potentiel est là, affirme Louai Djaffer qui explique même que la start-up exporte ses prestations. « On aimerait voir le secteur des nouvelles technologies avoir un traitement particulier » souligne-t-il en rappelant que les nouvelles technologies « transcendent les secteurs économiques ». Comme un peu partout dans le monde, les start-up algériennes souffrent du manque de financement. Et quand l’aide financière est là, elle est mal répartie dans le temps.

« On manque d’investissements pour faire émerger les idées »

En somme, un premier financement serait nécessaire pour développer l’idée, puis, si celle-ci est validée, alors il faudrait des fonds pour l’installation et le recrutement entre autres, ajoute Louai Djaffer, avant de poursuivre sur l’exemple des sites tirant leurs financements des revenus publicitaires. « Les sites qui veulent exister selon le modèle publicitaire pur ont du mal et sont tributaires des annonceurs ». Le dirigeant envisagerait bien la mise en place d’une règlementation pour proposer aux grandes entreprises publiques ou privées de réserver un certain budget à la communication Web afin de le réinjecter dans les start-up. Concernant l’entreprenariat, le dirigeant indique simplement que l’envie doit être là avant d’envisager un recours au dispositif d’aide à la création d’entreprise.

Les tendances du marché du recrutement

Selon les conclusions du dirigeant, 70% de ceux qui utilisent le site travaillent déjà et font seulement de la veille pour trouver un autre emploi. Le reste des candidats est largement composé de jeunes fraîchement diplômés. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’Industrie figure parmi les secteurs qui recrutent le plus mais les tendances varient fortement selon la position des entreprises sur le marché algérien.

L’agence observe aussi que les services et les métiers de la relation client en général ont de plus en plus de succès. Géographiquement, les offres d’emplois sont calquées sur la répartition de l’activité économique dans le pays, constate Louai Djaffer, « 80% du recrutement », se fait donc dans « les wilayas du centre ».

Même si son service de recrutement se fait exclusivement par internet, Emploitic développe aussi une forme de présence sur le terrain, via trois Salons « Talents & Emploi » que l’agence organise annuellement sur le territoire national et durant lesquels les candidats peuvent s’initier ou s’entraîner à l’entretien d’embauche.

Certains clients de l’agence jouent le jeu et envoient leurs chargés de Ressources Humaines pour coacher les candidats. Cette année, deux des trois prochains rendez-vous auront lieu en avril à Alger, puis en septembre à Oran. Comme en 2014, Emploitic, sera également présent en tant qu’invité à « Fikra15 », les 14 et 15 février dans l’optique de partager et sonder les futures tendances.


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